parution 27 mai 2020  éditeur Futuropolis  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Immigration / Racisme

Ce qui nous sépare

Un expatrié tunisien à Paris se sent rejeté et méprisé par la discrimination ordinaire d’une foule de petits détails du quotidien. Un focus habile, ni caricatural ni violent, sur les germes du racisme.


Ce qui nous sépare, bd chez Futuropolis de Aldeguer
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

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©Futuropolis édition 2020

L'histoire :

Bilal, immigré tunisien à Paris, passe une soirée foot télévisé dans un bar. Il poursuit avec un hamburger en compagnie d’un copain compatriote. Puis il téléphone à sa sœur Amira restée au pays. Il adorerait qu’elle puisse décrocher une bourse comme lui, afin de venir étudier à Paris… Mais Amira doute que cela puisse être accordé deux fois à une même famille. Dans les jours qui suivent, Bilal continue de faire ce qu’il peut pour s’intégrer à la société française. Il étudie sérieusement l’Histoire à la fac, il poursuit sa relation avec la rousse Léa… mais il n’y a rien à faire, il y a toujours quelque chose dans le regard ou dans les propos des autres qui le ramène à sa condition de miséreux, de tiers-mondiste, de musulman, voire de terroriste… Bref, il se sent sans cesse un immigré indésirable, plutôt qu’un expatrié accueilli par une autre culture. Il doit toujours se justifier sur son mode de vie, qui est somme toute très proche de celui d’un français, sauf dans les préjugés des autres. Alors Bilal s’énerve parfois. Ou il se met en retrait, il quitte les débats, souvent pour ruminer pendant plusieurs jours son sentiment de rejet. Il se souvient que ce sentiment de suspicion avait commencé dès le passage de la douane, à son arrivée à l’aéroport…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le problème du racisme n’est ni nouveau, ni restreint au territoire et aux mentalités de la France. Comme un écho saumâtre, au moment où parait cette bande dessinée, il est par exemple de nouveau fortement évoqué dans les médias, suite à l’assassinat du noir américain Georges Floyd par des policiers blancs. Un sujet qui trouve des échos divers dans bien d’autres pays occidentaux (manifestations en France, déboulonnage de statues de négriers en Angleterre…). Pour autant, l’histoire qui nous est racontée ici ne va pas jusqu’à la tragédie. La crainte, le mépris ou le rejet de l’étranger dans ses petits « détails », qu’ils soient maladroits, mesquins ou agressifs, est bien le cœur du propos d’Hélène Aldeguer. A travers des albums comme Après le printemps (prix de la BD politique France culture 2019), l’autrice s’est faite en quelque sorte la spécialiste de la jeunesse arabe contemporaine. Ici, elle assimile le lecteur à l’expérience d’un étudiant tunisien expatrié à Paris, qui vit très mal les regards, les mots blessants de ses connaissances, amis ou petite amie. Il n’est jamais question de violence physique, ni même d’agression verbale directe, juste de petits signes, de paroles parfois anodines, d’une politique et d’un regard social globaux, qui poussent un immigré – ou expatrié – tunisien en France à se sentir étranger, déprécié, rejeté. C’est très finement abordé et mis en scène, à travers un dessin stylisé numérique, quelque peu rudimentaire, décliné à partir d’aplats de teintes bleues ou orangées (voir couverture). Sans parti-pris, ni stigmatisation du débat, cet album nécessaire aide à la prise de conscience.

voir la fiche officielle ISBN 9782754828444