L'histoire :
Louis est un jeune garçon solitaire. Il vit seul avec sa maman dans un petit appartement surveillé par un oiseau en cage. Sa maman lui a offert cet oiseau, car elle n’aime pas qu’il reste seul. A son âge, Louis ne sait pas encore combien sa maman pleure lorsqu’il est à l’école. Le matin, à sa levée, sa maman est déjà partie au travail. En silence, il se prépare et une voisine, Madame Chanteau, passe le chercher pour l’emmener en compagnie de ses enfants à l’école. Louis n’aime pas marcher en groupe, mais cela rassure sa maman. A l’école, Louis est premier de la classe. Il ne fait jamais d’histoire. Il s’est juste juré qu’il casserait un jour la gueule à Eric qui se moque de lui à cause de son apparence asiatique. Si sa maman est de type européen, son père devait être chinois, ou quelque chose comme cela. Mais sa maman n’en parle jamais. Louis sait à quoi ressemble, son père. Il est tombé sur une photo oubliée, en fouillant. Un jour après être rentré de l’école, Louis retrouve son oiseau mort. Comme son père sans doute et comme celui de Cédric qui s’est pendu dernièrement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans toutes les familles, il est des secrets qui pèsent. Des non-dits qui parfois minent le quotidien sans qu’on puisse les nommer, jusqu’à ce qu’ils deviennent trop lourds et surgissent au grand jour. D’origine laotienne, Loo Hui Phang a ainsi appris très récemment la disparition d’une partie de sa famille sous le régime des Khmers Rouges. Naturellement affecté, l’auteur du remarqué Prestige de l’uniforme revient donc sur cette tragédie au travers de ce diptyque au titre magnifique et au propos grave, d’inspiration autobiographique. Cent mille journées de prières raconte l’enfance d’un jeune garçon d’origine eurasienne dont le père est absent et que les silences de sa mère angoissent. Propriétaire d’un oiseau – qu’il garde précieusement – Louis imagine que son compagnon connaît les secrets que refusent de lui révéler sa mère, les pourquoi de ses pleurs et la vérité sur son père. La mise en images signée Michaël Sterckeman colle parfaitement au sujet. Le trait est enfantin et mature à la fois, ne retenant que l’essentiel et – par sa proximité – laissant transparaître un malaise à fleur de peau. Parce qu’il est accessible et intimiste, ce récit touche et interpelle. Peu à peu, le voile se lève sans qu’il soit pour autant facile à Louis de comprendre et accepter ce qu’il apprend. Après 120 pages, ce premier livre laisse l’enfant lové dans l’obscurité, comme enveloppé par l’ombre de son père, noué de savoir qui il est…