L'histoire :
Parti se reposer, Louis perd pied. Il rêve qu’il tombe. Une chute interminable, à l’image de la figure paternelle qu’il aurait aimé héroïque mais qui ne l’est pas… Son ami l’oiseau lui vient en aide. Le défunt volatil rassure l’enfant et lui propose de le suivre. Un voyage commence pour Louis, au milieu d’un paysage de cendres. Peu à peu, des mots donnent forme à des images qui révèlent un passé oublié. Non, tu. Pourquoi le papa de Louis n’a-t-il pas suivi sa maman pour la France ? Qui était-il et que lui est-il arrivé au Cambodge ? Le garçon peine à suivre son canari. Il veut des réponses et, en même temps, le voyage est difficile, très pénible. Tout semble mort autour d’eux. Le temps paraît avoir consommé la mémoire des hommes. Mais non, quelques vestiges demeurent. Des restes de maisons sur pilotis, des immeubles vides de toute vie, etc. L’oiseau explique que tout commença alors que le Cambodge était encore un royaume. Puis le roi Sihanouk fut renversé, puis les Khmers rouges surgirent, et une chape de plomb s’abattit sur le pays…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre comme le choix d’un traitement N/B, autour d’une large palette de gris évoquant tout autant l’emprunte du passé que la mort errante, étaient déjà des indices. Cent mille journées de prières n’est pas une œuvre conçue pour plaire, mais pour témoigner d’un douloureux vécu. Après une première partie bâtie sur le non-dit, ce second livre lève le voile sur un pan de l’Histoire encore très largement tu au Cambodge, même si la réalisation de cette bande dessinée prouve que les langues, ici et là-bas, se délient (…). Au travers des événements et du surgissement terrible de la dictature Khmer, Louis (comme son lecteur) apprend progressivement à connaître son père et à le comprendre, un peu. L’atmosphère pesante enveloppe le récit d’une gravité et d’une intimité rares, sans pour autant sombrer dans le pessimisme, voire la dépression. Plongé dans un rêve aux allures de cauchemar, l’enfant en émerge apaisé, presque heureux du périple initiatique enduré. Un éveil de l’ombre à la lumière. Toutes les réponses ne sont pas là mais qu’importe, l’épilogue démontre combien le chemin est encore long – et c’est heureux – pour chacun d’entre nous attaché à ses racines. D’approche « rebutante », ce dytique saura séduire les lecteurs exigeants, aimant partager et confronter leurs émotions. Une réalisation très personnelle et imparfaite en somme, car essentiellement humaine, proposant une profonde réflexion toute en retenue, qui hantera sans doute vos pensées longtemps après.