L'histoire :
James Joyce, l'Homme de Dublin est une biographie extrêmement documentée, qui démarre avant sa naissance (en 1882), en décrivant en partie l'histoire de ses parents. Cette dernière est particulièrement mise en parallèle avec l'histoire de l’Irlande et les événements politiques et religieux de l'époque. L'histoire débute donc avec la déchéance paternelle et les conflits familiaux, notamment vis à vis de la religion. Ceci donne le LA à la vie de Joyce, ponctuée de conflits intérieurs, sociaux et conjugaux. Les grandes étapes sont narrées par chapitre, depuis sa jeunesse en Irlande, en passant par ses différents exils européens. Moult rencontres ont jalonné la vie de Joyce et l'ont significativement forgée, ainsi que son style et son œuvre. Ceux-ci ont d’ailleurs rapidement été considérés par le milieu intellectuel occidental comme autant majeurs que sujets à controverse. Enfin, en toile de fond, transparaît la « grande » Europe du XXème siècle et ses conflits meurtriers, vus par le prisme des cercles littéraires et des intellectuels…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le style graphique d'Alfonso Zapico est vif et incisif. Son dessin est touchant, réaliste, et particulièrement expressif, malgré la simplicité du noir et blanc. En s'attaquant à cette biographie, il ne choisit pas la synthèse. Au contraire, il décortique presqu'au jour le jour la tumultueuse existence d'un homme complexe, à la vie ponctuée de douleurs et de dérives. En ressort donc un ouvrage de 223 pages (hors postface !). C'est forcément long et ardu à lire, parce que Zapico retrace toute la vie de Joyce dans ses moindres rebondissements et que son personnage retombe cycliquement dans les mêmes travers, bute systématiquement contre les mêmes murs. En ressort des réitérations qui ne sont soutenables que parce que l'on sait que c'est ainsi que sa vie s'est construite. On devine que c'est justement dans ses conflits intérieurs, dans toutes ses difficultés récurrentes, avec tous les petits détails qui les composent, qu'il a construit une œuvre atypique. Si vous cherchiez le divertissement, passez donc votre chemin… Le lecteur est certes spectateur d'une vie trépidante, souvent heureuse malgré les difficultés matérielles, mais tout aussi souvent basique et pitoyable. La narration ne provoque pas d'empathie, mais elle illustre la construction d'un individu finalement hors du commun.