L'histoire :
Au naufrage de leur bateau, il y a deux semaines, Jeronimus et les survivants ont débarqué sur une île a priori déserte. L’apothicaire envoie alors des hommes en reconnaissance sur les îlots environnant. Ils reviennent en lui apprenant qu’hormis quelques drôles d'animaux, ils sont quasi-déserts et invivables. Pour éviter de garder tout le monde sur son île, il prétend alors qu'un groupe doit aménager les îlots, afin d'attendre patiemment les secours. En manœuvrant ainsi, Jeronimus éloigne les plus faibles mais aussi les plus forts, comme Webbes Hayes. Continuant à courtiser Lucretia (en vain), il prend petit à petit l'ascendant sur le conseil, avant de le renverser totalement. Leader intraitable, il condamne deux charpentiers à mort, alors que ceux-ci avaient construit une barque pour partir. Il les fait exécuter en pleine mer. Cependant, au fil des jours, les hommes à ses ordres prennent de plus en plus goût à faire couler le sang, quelqu'en soit le prétexte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le diptyque Abdallahi, le tandem Dabitch-Pendax s’est acharné, en trois opus, à décrire le drame orchestré par l'hollandais Cornelisz Jeronimus au XVIIe siècle. Authentiquement, cet apothicaire devint célèbre pour avoir totalement perdu l'esprit et s'être engagé dans une voie sanglante, lors d'un voyage vers les Indes. L'attente autour de cet ultime acte était fébrile, car après une montée en puissance efficace – bien qu'un peu lente – c'est dans ce dernier acte que le drame prend toute sa mesure. Le récit ne s'égare à aucun moment, les événements s'enchainent inexorablement et le mode de narration choisi par Christophe Dabitch fonctionne à plein. Il manque toutefois un petit quelque chose dans le traitement pour qu'on soit totalement outré ou choqué par le spectacle de l’horreur qu’il nous est donné de suivre. Peut-être un certain attachement aux personnages… Si l'on peut donc émettre ce léger bémol au niveau du scénario, les planches de Jean-Denis Pendanx sont de nouveau absolument sublimes, de véritables aquarelles. La fin terrifiante de Jeronimus ne décevra pas les lecteurs qui se sont imprégnés du récit et en heurtera peut-être certains. Une très bonne trilogie !