L'histoire :
Le début de cette année 1628 est bien difficile pour Jeronimus. Son métier d’apothicaire l’exaspère, son fils d’à peine un mois tombe gravement malade et le club qu’il fréquente voit l’un de ses membres arrêté pour hérésie. Lorsque son enfant succombe, il commence à douter sérieusement. La maladie qui a ravagée son fils est la syphilis, or ni lui ni sa femme ne semble l’avoir. Ses doutes se tournent directement vers sa nourrice, qui nie en bloc. Jeronimus n’ose même pas imaginer sa femme le tromper et préfère ignorer les quolibets de l’autre femme. Il revoit assez vite ses amis du club, mais les craintes se multiplient autour du membre arrêté : lui et les autres ont peur qu’il les dénonce. Les mois passent et un jour, il décide de tout quitter et de partir avant que la ruine ne l’achève, abandonnant sa propre femme. Il se rend alors auprès d’un des administrateurs de la VOC, la compagnie maritime faisant commerce avec les Indes, et lui propose ses services. Cela tombe plutôt bien puisque le Batavia doit prochainement partir. L’attente n’en est déjà que trop longue pour Jeronimus qui ne souhaite que refaire sa vie, loin de tout…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo responsable d’Abdallahi remet le couvert avec ce récit tiré d’une histoire vraie, celle du Batavia. Ce navire hollandais devait faire un long périple jusqu’en Inde, mais rien ne se passa comme prévu. Christophe Dabitch nous propose de suivre à son bord Jeronimus, un homme désabusé qui part avec l’espoir de reprendre tout à zéro. Le problème est que le trajet est si long que les tensions se créent, presque naturellement, au sein de l’équipage. Il va alors essayer de tirer son épingle du jeu en se forçant à jouer une sorte de rôle. La narration est très présente et les dialogues, au final, peu nombreux. Le procédé n’aide certes pas à s’attacher au « héros »… Pourtant, l’histoire se suit agréablement, grâce surtout aux planches de Jean-Denis Pendanx, qui sont une nouvelle fois bel et bien des peintures de haute volée. L’album mériterait d’être acheté rien que pour cela, c’est dire ! Le choix des couleurs et des cadrages confirme ces qualités à chaque page, l’ensemble est même par moment impressionnant de densité (la tempête ou le navire). Ce premier volet s’avère finalement une introduction efficace, jouant sur de nombreux thèmes (la religion, l’aventure et le drame) et devrait prendre une véritable ampleur par la suite…