L'histoire :
Un dessinateur est convié à passer une journée dans le musée du Louvre et à raconter ce qu'il y voit. Le cahier des charges est léger, les digressions sont donc bienvenues pour cet auteur qui n'entend pas forcément faire une BD classique. Muni de son badge d'accès, il va alors arpenter les salles en compagnie des visiteurs, discuter avec les guides, comprendre leurs horaires et partager leur anecdotes. Mais aussi laisser son œil vagabonder sur les objets qu’il croque au fil des salles. Il va prendre sur le vif des portraits de visiteurs de toutes origines, mettre en scène des anecdotes légères ou décalées. Ou se plonger dans le brouhaha des halls d'accueil envahis de bribes de conversation qui montent vers les hauteurs des bâtiments. Autour du musée, l'Ile Louvre accueille des bateaux qui accostent au pied de la pyramide de verre, ou ne font que passer sous ses porches. Car ce Louvre est une île entourée des eaux de la Seine, et abordée par des voyageurs du monde entier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est une belle liberté qu'offre le musée du Louvre en donnant à des dessinateurs et auteurs l'occasion d'exprimer leur ressenti, sans contrainte, face à un monument de l'histoire de la Culture. Car le Louvre est un personnage en soi, c'est ce que cette collection exprime. Et Florent Chavouet le traduisait en 2015 à sa manière pleine de sensations vécues, dans cet ouvrage réédité après une première sortie il y a 8 ans. De croquis en scène de foule, il multiplie les angles pour procurer au final la très belle impression d'une vraie balade, privilégiée car loin de la foule. Il se perd et nous perd avec lui dans cette espace cent fois trop grand, d'autant que ses soi-disant plans d'orientation sont tellement foutraques, qu'ils ne font que distraire complètement le lecteur. Mais c'est voulu, et la petite touche supplémentaire qui consiste à imaginer le Louvre comme une île sur la Seine donne à la fois de la hauteur et de la légèreté à son propos. Tout comme les dialogues qui s'entassent et se lisent dans tous les sens lorsque la foule s'assemble devant les guichets. Même si ses prédécesseurs dans cette série ont pour nom De Crécy, Hislaire ou Mathieu, Bilal ou Taniguchi, l'auteur n'a pas à rougir de sa contribution à l'édifice. Son album est gentiment barré, mais il suscite la curiosité. L'auteur y respecte autant les œuvres que les visiteurs, qui sont au cœur de son errance. Un travail original, décalé et sincère.