L'histoire :
Ce jour-là, Herbert, auteur de BD, se lève à 13h. Couché tard, trop bu et… pas d’inspiration qui vient pour le reste de la journée. Le soir, alors qu’il est au supermarché en famille pour le ravitaillement, le président de la république fait une allocution d’une importance capitale : ça y est, la pénurie d’essence mondiale est là, depuis aujourd’hui. Il va falloir se rationaliser, s’organiser autrement. Si la plupart des gens demeurent abasourdis, sur le coup, Herbert ne comprend pas vraiment tout ce que cela engendre. Un mois plus tard, le problème est déjà beaucoup plus concret : on se bat chez l’épicier, pour acheter des tomates pourries à 50 euros le kilo. Les gens se déplacent en vélo, il n’y a plus aucune voiture en ville, et le pire : quand Herbert arrive enfin à avoir son éditeur au téléphone, pour réclamer une facture impayée, ce dernier lui apprend qu’il a mis la clé sous la porte. Les gens ne lisent plus de BD : ils dépensent désormais leur argent utilement, pour survivre. Alexandra, sa femme, casse donc la dalle de béton de leur courette, derrière leur maison : elle vient de se ruiner en achat de graines, elle va y faire un potager. Enfin… à condition qu’Herbert ait le courage de demander à son père les ficelles du jardinier à domicile, ce que son orgueil refuse obstinément.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout le monde le sait : le pétrole est une ressource première qui viendra inévitablement un jour à manquer. Tout le monde le sait, mais personne ne s’y prépare réellement (« on » nous dit qu’on a au moins 50 ans pour voir venir…). Hervé Bourhis nous explique donc gentiment, en faisant quelques dessins. Dans ce one-shot de 70 planches, s’inscrivant dans la veine visuelle de la « nouvelle BD d’auteur », il place une sorte de héros autobiographique en situation. Car zéro essence, ça veut donc dire zéro déplacement, donc zéro approvisionnement, donc toute la structure de notre économie est bouleversée. Par exemple, auteur de BD est devenu un métier inutile, puisqu’il n’y a d’une part plus moyen de distribuer les BD… et d’autre part, encore moins d’argent disponible pour en acheter. Le héros va donc se lancer dans une quête initiatique, en vélo-taxi (le nouveau-mode de transport) : aller quémander à son père, qui habite à 400 bornes de là, les astuces pour s’occuper d’un petit potager capable de nourrir une famille en milieu urbain. Chemin faisant, à travers un pays en plein chaos (on pense à Ravages, le roman de Barjavel), Herbert rencontre toutes sortes de gens, qui sont autant d’étapes de réflexion absurdes sur les idéologies politiques et écologiques : une vieille veuve bo-bo pleine aux as, des néo-baba-cool sarkozistes, une milice de cultivateurs pro-OGM qui roulent à la luzerne… Il intercale des petits jeux débilo-rigolos (QCM, jeu de l’oie) et des extraits d‘un faux journal intime. Ce petit road-movie écolo s’avère très drôle, intelligent, satirique et nous confronte à une culpabilisation essentielle (et dans essentielle, il y a…).