L'histoire :
Six ans après la libération de la Finlande, lors de la guerre de Laponie contre les nazis (1945), la vie a repris son cours dans la région du village d’Oulu. Un drôle de gars, costaud, grand et mal coiffé, a racheté le moulin des Rapides de la Bouche. Avec une paire de bœufs et des cordes, il redresse la bâtisse qui menaçait de s’écrouler dans la rivière, ce qui impressionne les villageois. Ce drôle de meunier s’appelle Agnar et il a acheté le moulin en ruine. Il vient du Sud, où son précédent moulin a jadis brûlé, avec sa femme à l’intérieur. Solitaire, volontaire, Agnar retape le moulin et il organise des fêtes originales à l’attention des villageois… mais il a aussi un comportement étrange et agaçant. Il imite notamment les cris des animaux, joignant le mime à la voix, au cours de prestations qui n’en finissent pas. Les villageois commencent à le prendre pour un fou. Mais Agnar impressionne aussi par sa force de caractère et son expérience : lorsque les roues de son moulin sont menacées par des blocs de glaces qui descendent la rivière, il coupe un arbre et se met à l’eau en plein hiver, afin de placer le tronc de biais et former un goulet de dérivation pour les blocs glacés. Pour fêter ça, il se lance dans une séance publique d’imitation de cris d’animaux. Ce meunier est décidément complètement fou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Meunier hurlant est une adaptation du roman éponyme de l’écrivain finlandais Arto Paasilinna (la seconde, après La forêt des renards pendus). L’auteur Nicolas Dumontheuil aime rien tant que les personnages folkloriques habités par un destin qui confine à la démence. C’était le cas avec son Roi des Mapuche (avec Christophe Dabitch au scénar), ou l’aventure aussi monarchique que hiératique d’un périgourdin en Patagonie. C’est encore le cas avec ce personnage de meunier fou, qui agace son entourage par ses insupportables et irrépressibles cris d’animaux. Les latitudes nordiques finlandaises des années 50 apportent une touche de rusticité largement compensée par le caractère fanfaron d’une clique de personnages folkloriques. Le ton est enjoué, picaresque, original, avec tantôt des tendances naturalistes, tantôt fantaisistes. Mais la démonstration est d’autant plus longuette que le propos est un peu gratuit : il s’agit assez simplement du portrait d’un meunier dément et de son quotidien folklo, tout au long de 150 planches bavardes. Comme toujours, les cases de Dumontheuil sont bien remplies, avec des décors détaillés d’une grande souplesse et un chara-design très expressif. Petite originalité : Dumontheuil réalise ce one-shot en noir et blanc au lavis traditionnel.