L'histoire :
En cette fin de XIXe siècle, le chasseur de primes Lord Wales était jusqu’alors embauché pour flinguer tous les indiens de la région de Terre de feu. Avec ses hommes, désormais tous morts, il a échoué : l’« archer rouge » demeure insaisissable et poursuit son harcèlement autour du manoir de son commanditaire, Lord Hexam. Hexam a d’ailleurs pris soin d’embaucher une nouvelle équipe de tueurs, les « noctambules » comme ils s’appellent eux-mêmes, des chiliens issus de la bonne société et conduit par l’impitoyable Temperley. Deux de ses meilleurs « gâchettes » se sont d’ailleurs installées en haut d’une tour, d’où ils ont une vue panoramique pour flinguer à tout va. Un autre, surnommé l’insomniaque, a réussi à s’emparer de l’arc de l’archer, dans la pampa. Lowatt et Wales sentent que leurs vies ne tienent plus qu’à un fil. Avec l’aide des sœurs Panine, ils fomentent un plan d’évasion des plus risqués : en barque, par la mer, là où s’entrechoquent les icebergs. L’archer rouge, lui, en veut à son dieu Huecuevo de l’avoir abandonné. Il décide de changer de maître et pour cela, pénètre en douce à l’intérieur du manoir, alors que tous le cherchent à l’extérieur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si on veut être gentil, on dit que David B s’approprie les codes du western pour mieux les détourner et surprendre son monde. Si on est réaliste, on reconnaît que les nombreuses pistes de développements potentiels du tome 1 (très prometteur) sont laissées en plan, au profit d’autres développements… qui n’aboutissent pas vraiment non plus. Pour sûr, cette histoire de cow-boy et de révolution sort des sentiers battus, mais elle laisse un arrière-goût d’inachevé, comme un jouet convoité qui se casse au fur et à mesure du déballage. Des blancs flinguent des indiens, un indien bénéficie de la protection divine de son dieu, puis du « dieu-flingue » des blancs, une révolution communiste se greffe là-dessus, à laquelle participent deux sœurs spirites et un mystérieux et insolent nain… Certes, certes, mais quel est le propos, exactement ? Y a-t-il une morale, une symbolique ou plus sommairement une conclusion à en extrapoler ? Les protagonistes qui portaient le premier tome sont oubliés, les desseins de chacun demeurent nébuleux. A trop vouloir surprendre, David B s’égare et nous égare. Il boucle ici un scénario au mieux rocambolesque, au pire abstrus. Reste le joli dessin d’Hugues Micol, tout au lavis teinté de bistre… mais les hautes herbes de Patagonie conservent leurs mystères.
