L'histoire :
Au printemps 1967, Antoine a 16 ans. Il joue de la guitare dans un groupe de musique et il est fou amoureux de Christelle qui, elle, travaille déjà dans la boutique parentale de fleurs. Les deux pré-adultes se voient en cachette de leurs parents, surtout de leurs tutelles paternelles toutes deux particulièrement despotiques. A l’approche de l’été, Antoine manœuvre subtilement sa famille pour les convaincre de passer leurs vacances sur l’île d’Oléron, à Saint-Trojan. C’est en effet dans ce coin-là que se rendent tous ses copains et surtout… Christelle ! Il gagne une bataille lorsque son père accepte d’y aller, mais il en perd une autre lorsque celui-ci refuse qu’il campe à Matha, à 15 km du chalet familial : son père insiste pour garder en permanence un œil sur lui. Antoine passe un pacte avec son copain David, pour qu’il reste avec lui au moins une première journée, le temps de trouver une solution d’échappatoire. Finalement, c’est toute la bande qui viendra les chercher en camionnette, avec force klaxon, lors du premier petit-déjeuner estival. David et Antoine prennent leurs responsabilités et les rejoignent, sous le regard défiant du paternel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec le recul, être jeune en France en 1967, l’année précédant la fameuse révolution des mœurs, c’est un peu comme finir 4e aux jeux olympiques : terriblement frustrant. Avec cette nouvelle série courte en diptyque, Jean-Claude Denis s’intéresse à l’adolescence et aux turpitudes psychologiques de cet âge ingrat en cette ère compliquée. La figure du pater familias est ici au paroxysme de l’autoritarisme tant dénoncé au printemps suivant. Dans cette première partie, le héros Antoine s’affranchit frontalement de la tutelle familiale et inhale pleinement le souffle de liberté qu’il s’est ainsi offert. Les filles, la musique, les vacances, la plage, l’été… bref, la vie d’amour et d’eau fraîche, « c’est ça, les beatniks » ! La sobriété du dessin et l’emploi de teintes qui tendent judicieusement vers le fade, collent au décorum des sixties, même si côté dessin on a connu JC Denis mieux en forme. Largement emprunt d’anecdotes autobiographiques assumées (Antoine est un peu l’alter-ego de JC Denis, lui aussi guitariste à ses heures), le récit se repait progressivement de cette insouciance estivale… On se doute que ça ne durera pas, dans le second opus à venir, bien qu’on n’ait aucune idée du biais que l’auteur utilisera pour virer de bord la tournure des évènements. Clash familial ? Affrontement local ? Rupture sentimentale ? En attendant, on profite de l’ambiance estivale et de la psychologie d’un personnage un peu naïf mais attachant, parfaitement en place.