L'histoire :
En raison de son grand âge, le baron Pascal de Fribourg est placé par ses neveux dans une institution pour personnes âgés, la Villa Toscane. Les odieux héritiers ont passé une sorte d’accord financier avec les médecins de l’institut pour que ses velléités de liberté soient rapidement annihilées. Mais le vieux chercheur est du genre opiniâtre. Il jette systématiquement les médicaments qu’on lui apporte et débute une relation amicale avec une jeune infirmière, Théandra. Il partage avec elle la poésie de Shirao Kaya et surtout, il l’intrigue et en fait sa complice. Pour cela, le baron, ancien prix Nobel de chimie, lui explique qu’il a voué sa vie à travailler sur un élixir d’immortalité… et qu’il touche presque au but. Jour après jour, la jeune femme se laisse convaincre par cette personnalité et accepte finalement de l’aider à s’enfuir de la villa Toscane pour rejoindre son laboratoire. En contrepartie, elle négocie un partage du breuvage, baptisé « le nectar noir », en 3 parts : une pour le baron, une pour elle et une pour son compagnon, Colin. Persuadé qu’il ne peut s’agir que d’une arnaque, celui-ci refuse néanmoins de laisser Théandra abusée de la sorte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire en one-shot était initialement programmée pour être éditée au sein du catalogue Histoire et légende du Lombard, au début des années 90. Hélas, l’éditeur devait supprimer la collection au moment même où Michel Crespin terminait le dessin de l’album… et ses planches étaient dès lors restées cloitrées dans ses cartons à dessin. Depuis lors, Crespin a eu la mauvaise idée de mourir (en 2001). Puis le commissaire d’une exposition rétrospective a exhibé ces planches oubliées, avant que Futuropolis n’ait la bonne idée de les éditer aujourd’hui. Cet album posthume prend une dimension d’autant plus particulière, qu’il cible l’immortalité pour thématique centrale. Un vieux savant sur le point de réaliser un grand œuvre humaniste et alchimique, une muse quelque peu intéressée… Le synopsis est appétissant, mais hélas, l’intrigue de Greg Newman tourne court et se conclut (logiquement) en queue de poisson. Tout juste le temps d’aborder le mythe de Faust et c’est déjà fini. L’ambiance onirique flirte en permanence avec le surnaturel, par ses cadrages recherchés, son esthétique éthérée et d’une colorisation le plus souvent bichromique. Le château au pied de la falaise, le laboratoire incrusté dans le rocher, la gigantesque baie vitrée… Tout cela n’est guère réaliste, mais ce cadre qui fait la part belle à l’étrange n’est pas gênant non plus. Un album baroque, qui laisse une drôle d’impression, sans convaincre pleinement. A noter, la préface posthume de l’ami Edmond Baudouin, particulièrement émouvante.