L'histoire :
D’abord le « Conseil de Révision » à la mairie de Longwy, puis le mousseux et le laïus du maire à la mairie de Thil… Le soir, le premier repas au Foyer des jeunes… Le lendemain, la messe des conscrits et la première sortie officielle de la Madelon (la Marie Caruso)…« Bon pour le service » Hervé sacrifie quelques jours de sa vie de lycéen en échange d’une tournée de gueules de bois, de remontrances de sa maman et de rêves cochons. Le bac ce sera pour plus tard ! En attendant, lui et les copains de Thil nés en 1948, se parent de cocardes, rubans et jolis chapeaux pour « faire la classe », c'est-à-dire plus simplement : courser les filles pour réclamer un bisou (ou plus si affinités…) ; passer dans chaque maison de la commune pour récolter nourriture et alcool, en vue du gueuleton final et boire plus que de raison. Bref, un programme millimétré qui fait gonfler la vessie et donne tout plein d’envies. Celles d’Hervé tournent principalement autour de la belle Marie Caruso, la Madelon. Pour elle, il devient un preux chevalier prêt coûte que coûte à défendre son honneur en échange d’une petite danse, le soir au bal, ou d’un baiser. Pourtant, il y a d’autres filles pas farouches qui roulent de vraies pelles sans se faire prier. D’autres filles qui se mettent en danger. A moins que…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présidence oblige, du plus célèbre festival de bande dessinée, par l’un de ses poulains... les éditions Futuropolis ressortent du carton une « vieille » Baru. Pour l’occasion, l’auteur revoit et corrige (?) sa copie pour ce récit aux accents autobiographiques initialement publié en 1987. En vedette, pour quelques 60 pages, le « préhistorique » rituel du « faire la classe ». L’antique concept est d’ailleurs savoureusement expliqué par le menu, en introduction, pour une leçon historique drôle et détaillée, permettant de réviser (ou de s’initier) « conscription », « conseil de révision », « service militaire » et toute la panoplie. Pour la suite, c’est la fête en elle-même, ce fameux moment où les garçons d’une même classe d’âge commettent tous les abus, qui sert de socle au récit. Désormais « bon pour le service », Hervé Barulea, et sa clique de copains de Thil, nés tout comme lui en 1948, se réservent quelques jours de folie où il sera surtout question de boire et d’essayer d’inviter des filles dans son lit (ou sur une table, ou contre un mur…). Comme il sait si bien le faire, Baru livre une chronique sociale amusante, rythmée où il se met en scène sans compromission (une démarche très à la mode aujourd’hui, mais assez novatrice à l’époque). Esquisse du monde ouvrier, de la ville, du passage à l’âge adulte, des fantasmes et du sentiment amoureux à la sauce envie de sexe et alcoolisation massive : le récit à un gros quelque chose de Quéquette blues qui l’a précédé (1984). Du coup, les lecteurs de cette trilogie auront un sentiment de déjà lu et regretteront, qu’ici aussi, il ne se passe finalement pas grand-chose. Au-delà, il y a l’incontestable plaisir de retrouver cette vivacité brute du trait qui, avec l’expérience, fera de Baru un très grand. Et puis, bien sûr, il y a cette manière unique de « photographier » une époque pour un quasi documentaire à mettre dans les mains des jeunes générations.