L'histoire :
Rien de tel, pour bien cuisiner, qu’un beau tablier. Car qui cuisine ne doit jamais se préoccuper des vilaines tâches qu’il pourrait faire sur ses jolis vêtements. On peut néanmoins parfois constater qu’après une bataille de quelques heures derrière les fourneaux, ce morceau de tissu aux vertus protectrices est le seul à être resté immaculé. Mais la cuisine, avant d’être une histoire de tablier, c’est d’abord un souvenir enfoui au creux d’une narine, ou blotti dans le repli d’une papille, depuis la plus tendre enfance… L’envie, tout petit, de préparer pour les siens un bon petit plat. Le souvenir des yeux ébahis de la famille, devant le délice préparé. Et quand bien même, plus tard, on sait que le met dégusté par tous n’était pas celui qu’on avait préparé (immangeable et mis à la poubelle illico), on court après cette première sensation tout le reste de sa vie. Commençons cependant par apprendre à faire un bon café : on se mettra à courir juste après…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le blog éponyme rigolo-gourmand de Guillaume Long (long.blog.lemonde.fr), cette invitation au format papier (qui sent bien meilleur qu’un écran d’ordi…) devrait leur donner envie de rejoindre les 10000 gourmets amateurs de dessin (ou le contraire) qui le visitent quotidiennement. Intelligemment découpé en 4 saisons, ce bel album met en scène, au travers de courtes saynètes, l’auteur himself pour une apologie, sans prise de tête, de l’univers de la bouffe et de ses multiples chemins. En bonus, à la fin de l’ouvrage, un guide sympatoche à détacher nous rappelle qu'effectivement, les légumes ont chacun leur saison. Une vingtaine de recettes (l’aubergine au four : une petite tuerie !), des souvenirs d’enfance, une passion pour les ustensiles (spécial dédicace pour le moulin à ail et la cafetière Bialetti…), des rencontres (même à la piscine), des carnets de voyages gourmands (Budapest, Venise ou le resto chinois du coin…) et une tonne de conseils avec listes (wouah ! la joli leçon es poiscailles), astuces et trucs malins ne tardent pas à donner envie de tout essayer sans modération. Avec l’intelligence de ne jamais vouloir donner de leçon, mais aussi avec humour et un sens inné de l’autodérision, Guillaume Long nourrit au travers de cette centaine de pages, l’unique ambition de démontrer que manger, c’est plutôt sympa. Mieux encore : il réussit à nous faire croire qu’on est tous capables de le faire bien (avec ses propres mimines ou en se rendant là où il faut). Le dessin simple, humoristique, rond quand il faut et mis en couleurs avec justesse, complète quant à lui cette bonne intention : faire communier œil, papille et donner envie, tout en se marrant copieusement.