L'histoire :
1969. Ce jour-là, il pleut sans doute et de nouveaux locataires s’emparent d’Haddon Hall, un vaste manoir, un brin désuet, de la banlieue londonienne. Les nouveaux habitants s’appellent David et Angie. Bientôt, ils organisent une fête monstrueuse à laquelle participe une joyeuse et vaste tribu hippisante. Parmi les invités, Marc, que David interpelle pour lui faire découvrir son nouveau joujou : une salle de répétition immense avec un matériel digne des meilleurs studios d’enregistrement. Car il faut bien dire que dans cette nouvelle demeure, David Jones alias Bowie a un colossal appétit de projets : disque solo ; groupe ; film ; opéra ; tournée et tutti quanti. Une faim d’ogre que Marc Bolan, son vieux copain, tente un instant de tempérer en lui conseillant de se fixer s’il veut voir sa carrière décoller. Bowie enchaine en effet, depuis quelques années, les bides et les échecs artistiques. Mais il ne manque pas de talents, en tout cas. Il suffit de le voir, ce soir là, en compagnie de Marc, se livrer à une compétition musicale de haut vol. Tandis que son pote électrise l’auditoire avec ses chansons étranges peuplées de licornes et de dragons, David avec sa douze cordes envoûte l’assemblée de ses compositions délicates aux textes bizarres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’aube des seventies, alors que son single Space Oddity fait un petit carton, David Bowie et sa femme Angie emménagent avec quelques potes à Haddon Hall, un manoir de la banlieue londonienne. Un peu comme ces maisons colorées accrochées aux collines de San Francisco (et chantées pas Maxime le Forestier…), la demeure accueille un méli-mélo hippisant. C’est à elle, en tout cas, que confie Néjib le soin de nous conter, en voix off, une tranche de vie de celui qui n’avait pas encore revêtu les atours de Ziggy. Assez judicieusement, la bavarde baraque entremêle documentaire et fiction, avec pour unique ambition de nous faire toucher du bout des yeux une période charnière pour Bowie : celle où le talent transpire de tous ses pores, sans que l’artiste ne sache encore comment faire pour qu’il le mette sur orbite pour de bon. Avec pour fil rouge l’enregistrement de The man who sold the world – bide commercial mais considéré comme fondateur de l’œuvre du chanteur – les quelque 140 pages tentent de faire le tour de tout ce qui a pu alimenter sa créativité : compét avec d’autres musiciens (Bolan de T Rex, par exemple) ; influences de son futur manager ; curieuses rencontres (Lennon, Syd Barrett, Visconti…) ; film de Kubrick ; schizophrénie du frangin ; mort du père ; arrivée d’un bambin… jouent ainsi une partition nourricière dans une époque-cul-entre-deux-chaises au bouillonnement artistique incandescent. Sur le tempo d’un trait fin aux tons acidulés, affranchis des traditionnelles cases, l’ensemble est particulièrement intéressant. Peut-être, cependant, plus encore pour les fans de rock en général (option 60’s / 70’s) et les inconditionnels de l’artiste en particulier.