L'histoire :
Les fantômes du garde-barrière : On s’amuse pas tous les jours à Beaulieu-sur-Morne. Et pourtant, faut bien passer le temps : la tournée en estafette pour jouer l’épicier-ambulant est uniquement le jeudi. Alors Hubert fait régulièrement son petit tour au café « Chez Léon ». Entre deux jus de chaussettes et quelques coups de blancs, il écoute… ou s’étonne du passage silencieux à 17h00, depuis une semaine, du garde-barrière Toto. Alors quand un beau matin, notre détective apprend dans le journal que le bonhomme s’est suicidé, le besoin d’enquêter lui parcourt l’échine avec fébrilité…
Virage dangereux : Chaque jeudi, Hubert joue l’épicier-ambulant sous le patronage autoritaire de sa patronne, la mère Favergeot. Au volant de sa camionnette, au klaxon bruyant et aux flancs peints d’un immense « ECONOMIA », il se prend pour un conducteur de la Croisière Jaune en mission périlleuse de ravitaillement. Et du reste, quand il aborde le virage du cornouiller, quelques gouttes perlent sur son front. Car, il y a 3 ans à peine, il y a eu un accident qui a tué le chauffeur du camion et les 2 habitants de la maison. Un fait divers presque oublié qui ressurgit pourtant bientôt, en impliquant bizarrement le frère de notre détective-épicier.
Au bout du canal : C’est un comble ! Hubert est chassé de la ferme par son frère. Pire encore : le voilà chargé par son ainé d’aller retrouver Rose, son ex-belle sœur, qui a pris la tangente au Chili depuis quelques lunes déjà. Le Bertrand veut divorcer. Seulement, si Hubert est de nature docile, c’est également un sacré curieux. Aussi, lorsqu’il aperçoit dans le train ce coquin de Figoulon, un bonhomme peu recommandable du village, il décide de le filer. Il sent qu’il y a anguille sous roche. Le voici donc en route pour Tarascon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette deuxième rasade de l’intégrale d’un des plus savoureux enquêteurs que la BD ait jamais compté dans ses rangs, notre brave Hubert nous confie 3 nouvelles énigmes : une histoire avec fantômes et ticket de loto ; un récit au virage meurtrier et frangin au comportement inquiétant ; une enquête avec départ pour le Chili et étape fructueuse à Tarascon… Fleurant à nouveau ce délicieux fumet rural à la Simenon, dynamiques en diable et parfaitement calibrées pour agripper notre curiosité, ces aventures burlesques ont un incroyable petit gout de « reviens-y » : on en avalerait des étagères sans jamais en être rassasié. Il faut dire que la recette use de savoureux ingrédients : personnages attachants comme une bonne sauce ; chronique sociale à la fois tendre et acide ; humour multi textures ou décorum saupoudré d’une affectueuse nostalgie sont judicieusement servis à grandes louches de bout en bout. Et puis, il y a « l’intrigue policière » en elle-même. Loin d’être un simple prétexte, celle-ci n’a rien à envier à ses consœurs du genre dans le registre de la logique, du rebondissement ou de la noirceur d’âme de certains protagonistes. Enfin, judicieusement, Bruno Heitz sait construire des ponts entre les tomes de sa série. Par exemple, le récit bouclant le présent ouvrage est à la fois un prolongement direct et adroit du tome 1 et du tome 5 de la saga (et pas besoin de les avoir lu non plus pour s’en régaler, indépendamment). Bref, un parfait exercice de narration, conforté par un trait minimaliste au dynamisme percutant et parfaitement raccord avec le ton de la série. En somme : définitivement indispensable !
