L'histoire :
Retour au bercail : Tout va mal pour ce pauvre Hubert que son frère vient de mettre à la porte et qui se retrouve contraint de loger chez sa patronne, la mère Favergeot. Et pour ne rien arranger, l’épicerie doit faire face à la concurrence, qui se présente sous les traits d’une estafette réfrigérée. L’épicerie de Beaulieu pousse même jusqu’à livrer à la maison des Paluds. Bizarre ! Personne ne l’habite depuis bien longtemps…
Chambre froide : Il a beau être devenu propriétaire, notre Hubert, sa nouvelle locataire lui demande de colossales travaux de réfections. Et ça coince plutôt, car notre bonhomme n’a pas le moindre sous à mettre dans ce genre de projet. Aussi, quand le boucher du village lui demande un gros service contre une belle somme d’argent, il n’hésite pas longtemps. Quand bien même il s’agit de le débarrasser d’une tête sans corps…
L’affaire Marguerite : C’est dingue ! Au village, tous semblent gagnés par la fièvre des « illustrés », ces petits dessins qu’on trouve partout dans les journaux. En particulier les gamins raffolent de Tintin. Et bientôt, sans le savoir, Hubert le détective de la Vallée de la Morne, lui qui n’y connait rien en BD, va être mêlé à une affaire qui concerne le petit reporter belge et son créateur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dernier voyage en trois étapes dans la rutilante Vallée de la Morne – et ses non moins truculents habitants – sonne le glas d’une inattendue et savoureuse plongée. Un bain aux odeurs de campagne d'après-guerre habilement préparé pour y faire s’ébattre des protagonistes rivalisant de bon sens, de simplicité et d’ironie. Un véritable festin, nous donnant, sous couvert d’humour ou de naïveté, une impeccable leçon de nature humaine. Hypocrites, cocufiés, pingres, envieux, patriarches, belles sœurs, voyous, faux-suicidaire, trafiquants ou tricheurs de tous poils, se frottent alors à un succulent et peu ordinaire « héros » : Hubert, béret vissé aussi solidement que sa roublardise et son à-propos. Un peu détective ; un peu épicier ; un peu malchanceux ; un peu propriétaire mais fauché comme les blés ; un peu pris pour un imbécile ; un brin alcolo : le brave homme et sa petite garnison de défauts nous aura servi de la petite intrigue parfaitement ciselée et happante sans pour autant faire de chichi. Humour grinçant pour fer de lance, bonhommie roborative pour appât, indéniable et nostalgique sens du vécu, auront rivalisé de dextérité pour nous faire aimer sans restriction cet univers à la Tati mâtiné de Simenon. Le seul cruel revers est cette douloureuse extinction après neuf épisodes. D’autant qu’à force de construction, l’univers – et les enquêtes – prennent une incroyable saveur et dimension. A ce titre, l’ultime péripétie (L’affaire Marguerite) est un petit bijou de construction, se payant le luxe d’inviter Hergé pour un clin d’œil à tiroirs à sa production (en particulier L’affaire Tournesol). Pour une dernière fois, vous profiterez : d’une histoire de déserteur avec meurtre de notaire à la clef ; d’une tête humaine retrouvée dans la chambre froide d’un boucher ; et d’une tentative d’enlèvement de Tintin (?). Bref de quoi regretter notre privé à la cambrousse à jamais.