L'histoire :
Le Jakarta, grand navire affrété par la compagnie Voc est parti des Pays-Bas pour rejoindre l'Océan Indien avec plus de 300 personnes à bord (marins, soldats, simples particuliers, dont une minorité de femmes). Et surtout des caisses d'or destinées au commerce des épices. Des rivalités, violences et mutineries ont lieu dans cet espace réduit qui révèle l'âme de chacun et la noirceur qui l'accompagne. Pelsaert en est le commandant, Cornelius le second. Seule une jeune femme, Lucretia, tient tête aux violents mutins. Après bien des tribulations, tempête comprise, le navire s'échoue près des récifs d'une île de l'océan indien, non loin de l'Australie. La vie s'organise sur ce littoral, tant bien que mal, avec la recherche de nourriture et d'eau. Pelsaert part avec un équipage dans une grande chaloupe pour chercher des secours et ramener un autre bateau capable d'accueillir les naufragés. Cornelius prend donc le commandement et réglemente la vie collective comme un tyran, avec l'aide d'hommes de confiance tout aussi attirés par l'or. Leur but est en effet de capter ce « trésor » et donc de tuer progressivement un maximum de naufragés présents. Cornelius essaie habilement de séduire Lucretia qui a vu juste en craignant le pire et qui a réussi à convaincre quelques hommes raisonnables de l'objectif funeste du chef des mutins. Après des massacres isolés de la part de la bande de Cornelius, arrivera-t-elle à sauver la communauté ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier album était une totale réussite, avec un scénario et un dessin d'une envergure exceptionnelle, salués par tous les commentateurs et bien sûr l'immense majorité des lecteurs. Confirmons tout de suite que ce tome 2 final se hisse au même niveau d'excellence. Xavier Dorison, le scénariste à succès (mérités) et d'histoires maîtrisées, et Timothée Montaigne au dessin, ont gagné leur pari : celui d'un double album audacieux, au long cours (pour un tel voyage c'est naturel), aux pages qui prouvent du souffle, de l'ampleur et une précision documentaire avec des résultats évidents. Comme remarqué par beaucoup également, il y a quelque chose de Mathieu Lauffray (Long John Silver, Raven) dans le sujet associé au dessin de haute volée de Tim Montaigne. Que cela doit être ardu, exigeant ! Et que c'est beau ! Le dessinateur est autant à l'aise dans l'action épique, les tempêtes déchaînées, que dans les scènes d'intérieur « gothiques » ou intimistes, voire (provisoirement) immobiles. L'éditeur a souhaité donner un écrin exceptionnel à ce diptyque : format géant, couverture spéciale avec relief et motifs dorés (« à l'ancienne »), longueur inhabituelle (plus de 135 pages pour chaque tome), signet. En somme, de la bande dessinée de très haute qualité, pour une histoire et un traitement impressionnants, fascinants, qui nous entraînent loin !