L'histoire :
En 1959, à Paris, la jeune Raïssa, employée de la banque russe BCEN a une relation avec Fred Ogier, qui est un agent des services secrets français. L'ambassade russe décide de mener une enquête, car ce type de relation est bien évidemment interdite : nous sommes en pleine guerre froide. A peine quatre ans plus tard, Fred est retenu en prison à Vienne. La police a trouvé le cadavre de l'agent qui avait tenté de l'assassiner dans sa chambre d'hôtel. Il faut une mission spéciale pour le tirer d'affaire, tandis qu'à Paris les premiers résultats de l'enquête du SDECE et de la DST font la une des journaux : un membre de l'OTAN, dont le siège européen est à Paris, transmettait des documents à l'URSS, il est passé aux aveux. Aux Etats-Unis, à proximité de Langley, l'ex agent soviétique qui est passé à l'Ouest avec des dossiers accablants transmet ses révélations au compte-gouttes. Installé dans une superbe villa aux frais du contribuable américain, il prend son temps pour entretenir sa position privilégiée. Il a affirmé que les services français sont eux aussi totalement infiltrés par des taupes à la solde de l'est. Et force est de constater que chacune de ses révélations vise juste. En parallèle, les autorités vont finalement découvrir que le cadavre sans tête découvert près de Washington est celui d'un psychiatre renommé. Mais qui pourrait bien lui en vouloir au point de l'assassiner ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rien n'est simple en période de guerre froide, lorsqu'un espion russe passé par la Finlande balance à Washington des secrets qui révèlent la présence de taupes dans les services secrets français et américains. Avec ce deuxième volume, sur quatre annoncés, le mystère s'épaissit. On en vient à douter d'absolument tout le monde, y compris bien entendu de Fred, personnage principal très sympa au demeurant. Ses relations avec sa voisine qui garde son chat chaque fois qu'il s'absente, les bouteilles de Bourgogne qu'il apporte à son père en lui rendant visite dans sa maison de retraite... Tout est fait pour que le lecteur ait envie de l'exclure de la liste des traîtres potentiels. Philippe Richelle s'y prend à merveille pour distiller des éléments du passé de Fred, notamment cette séquence durant la deuxième guerre mondiale où lui et son père étaient tous deux des résistants actifs au péril de leur vie. Que s'est-il passé depuis, pourquoi son père est-il en maison de retraite ? On ne le saura pas dans cet épisode, mais on s'attend à quelque chose. Régis Penet au dessin continue dans son style réaliste sobre, très classique et remarquablement lisible. La scène de bagarre dans les douches de la prison en est un exemple. Ces plans très rapprochés et quelques cases seulement rendent parfaitement la rapidité et la brutalité de l'échange entre les deux hommes. Richelle conduit deux autres récits en parallèle dans cette série intitulée Affaires d'Etat, l'un consacré à l'extrême droite et l'autre au Jihad. Cette série de quatre albums en pleine guerre froide est en tout cas une belle réussite à ce stade, accrocheuse et efficace !