L'histoire :
Au début de l'année 1962, un agent du KGB se fait déposer pas très loin de l'ambassade américaine à Helsinki. Anatoli Trifonov demande à rencontrer le chef de poste de la CIA, faisant preuve d'une arrogance sans nom envers tous ceux qu'il considère comme des sous-fifres. Affirmant qu'il est prêt à fournir d'importantes révélations, il exige un rendez-vous avec le patron du contre-espionnage. Jugé suffisamment crédible sur la base de premiers éléments troublants, il s'envole quelques jours plus tard pour Washington ou le rendez-vous qu'il demande a été organisé. Pendant ce temps, en France, dans les bureaux du SDECE, les rumeurs vont bon train sur le nom de celui qui sera bientôt nommé numéro 2 du service de contre-espionnage français. En ces temps de guerre froide, les positions trop ouvertement pro-américaines ne sont pas nécessairement un must pour arriver au plus haut. Fred et ses collègues s'en amusent, avant qu'une nouvelle de taille vienne d'en haut : il va falloir se rendre aux Etats-Unis pour un sujet de la plus haute criticité, suite à un message envoyé par le président américain lui-même au général de Gaulle. L'espion soviétique qui est passé à l'Ouest a révélé des documents qui semblent prouver que l'OTAN, aussi bien que le SDECE, sont noyautés d'agents à la solde de l'URSS !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La nouvelle série scénarisée par Philippe Richelle va couvrir des évènements clés de trois décennies successives de l'histoire récente. Les années soixante ouvrent le bal sur le thème de la Guerre froide. Pour l'illustrer, le scénariste a construit une galerie de personnages appartenant aux services secrets français, américains et soviétiques et pose les jalons d'une intrigue qui s'étendra sur quatre tomes. Des lieux différents se succèdent à un rythme assez élevé pour ouvrir l'album, avant que les enjeux se précisent autour de l'infiltration supposée du SDECE et de l'OTAN par de agents à la solde de l'Est. Richelle a de l'expérience et sait multiplier les pistes pour que le lecteur se prépare à la durée. Il démarre son récit avec juste ce qu'il faut de teasing dans plusieurs directions pour qu'on ait envie de connaitre la suite au plus vite. Régis Penet au dessin est un choix de luxe, ses cases s'enchainent avec une fluidité rare. Le dessinateur a par ailleurs la subtilité de trait nécessaire pour créer des visages remarquables de réalisme mais jamais rigides – ah la tête d'Antoine qui cherche ses lunettes en page 14 – que ce soit pour les personnages inventés ou pour les figures historiques de l'époque. Les deux autres récits de cette série concept couvrent l'extrême droite dans les années soixante-dix, et le Jihadisme dans la décennie qui suit. Des parutions simultanées pour chaque premier tome, trois dessinateurs différents, mais un seul scénariste ; et Claudia Boccatto aux couleurs pour les trois arcs, avec son style impeccable de clarté mais des ambiances subtilement différentes. Un excellent début !