L'histoire :
En octobre 1933, les autorités américaines resserrent l’étau sur les organisations mafieuses qui ont fructifié durant la prohibition. A New York, notamment, le procureur Dewey et le nouveau maire La Guardia ont Dutch dans leur viseur… et bientôt, ce sera autour de Lucky Luciano. Agata, la belle immigrée polonaise que Luciano a durant un temps « protégée » dans sa suite d’un grand building est sur le point de recouvrer sa liberté. Or cette liberté retrouvée signifie aussi la fin de sa carrière de chanteuse dans les cabarets de Broadway. Il est en effet hors de question d’attirer les regards vers elle. C’est ce que Luciano lui explique et ce qu’il va proposer à ses associés, en dépit du risque qu’elle représente, comme témoin. Au moindre remoud, il promet à Agata de s’occuper de la flinguer lui-même. Il a échoué à la séduire, mais les bases sur lesquelles ces deux-là se sont rencontrés étaient évidemment peu propice à une saine idylle… Et tandis que les associés acceptent, avec un peu de « ménage » à la clé, le procureur Dewey trouve un biais astucieux pour incriminer Luciano : ce sera le proxénétisme. Le « syndicat du vice » est sur le point de tomber…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce tome 3, Olivier Berlion pose la troisième et dernière pierre d’une belle fresque historique dans les années 30 mafieuses américaines. A travers le portrait de cette belle, innocente, talentueuse et fictive immigrée polonaise, Agata, c’est surtout sur le personnage sulfureux et authentique de Lucky Luciano qu’il focalise son récit. On peut juste reprocher à l’auteur d’utiliser une voie déjà empruntée par d’autres saga de BD (De silence et de sang, Ce qui est à nous)… Mais en auteur complet, il s’est donné les moyens de ses ambitions, avec une histoire originale, cohérente et non manichéenne. Son scénario est très documenté, ses personnages charismatiques et la peinture historique somptueuse. Qu’il s’agisse des vues vertigineuses sur les rues de New York, un quai de gare, les intérieurs d’appartements luxueux ou l’arrière-boutique d’un restaurant, Berlion fournit une nouvelle fois de la sacrée belle ouvrage. Il est on ne peut plus logique qu’il ait été récompensé avec Agata par le prix de la meilleure série au Festival du Polar de Cognac (2021)… et très récemment par le prix Franck Giroud au salon Bulles en Seyne (juin 2022).