L'histoire :
Alouette se trouve dans une caisse en bois, qui ressemble étrangement à un cercueil. Elle navigue sur les flots... Elle reprend connaissance et sort de sa caisse flottante. Il n'y a que la mer autour d'elle, il fait nuit noire. Derrière, la végétation dense se fait oppressante, terrifiante. Elle ne sait pas où elle est. Mais elle hurle un prénom, celui de Pilou. Elle regarde autour d'elle, elle ne voit rien. Soudain, une main sort de l'eau. C'est Pilou ! Elle saute dans l'eau pour l'attraper et le ramener près d'elle. Mais lorsqu'elle attrape la main, c'est en réalité une branche qui se détache. Elle plonge pour vérifier tout de même... mais non, ce n'est pas Pilou, simplement son fantôme qui lui crie qu'elle avait promis qu'ils resteraient ensemble et qui lui demande de ne pas l'abandonner... Elle remonte à la surface et met pied à terre pour explorer l'endroit. Elle jure qu'elle reviendra chercher Pilou quoi qu'il lui en coûte. Après avoir passé la nuit au creux d'un arbre, Alouette découvre son environnement à la lumière du jour. Elle réussit à trouver un peu d'eau, mais son ventre grogne. Elle doit trouver de la nourriture. Ses tentatives pour attraper les poissons à mains nues sont vaines, alors elle s'aventure dans la forêt. Là, elle aperçoit la silhouette d'un homme fortuné, un sabre sanguinolent à la main. Elle se cache, elle a peur, c'est un cauchemar elle va se réveiller ! Elle regarde à nouveau dans la direction de l'homme, et ne voit qu'un arbre fruitier qui a la même silhouette. Elle hallucine... Elle se nourrit de ces fruits, puis elle perd connaissance. Lorsqu'elle se réveille, un homme est à ses côtés, dans une maison. Elle ne sait pas où elle est. Et des souvenirs de sa vie d'avant refont surface.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Andréa Delcorte a précédemment signé une bande dessinée qui se déroule dans l'univers de Méto. Cette fois-ci, avec Alouette, il propose sa propre histoire et son propre univers graphique. Nous suivons le personnage d'Alouette, qui se retrouve échouée sur une île, sans savoir où elle se trouve. Elle est à la recherche d'un certain Pilou. Mais l'île est hostile : les fruits ne semblent pas comestibles, d'effrayantes bêtes peuplent les lieux et surtout, Alouette a l'impression d'avoir des visions cauchemardesques. Elle aperçoit des ombres, des silhouettes de son passé, et petit à petit des souvenirs remontent en elle. Andréa Delcorte aborde avec habileté la thématique des souvenirs traumatiques. Nous comprenons petit à petit que l'héroïne a une histoire difficile : elle a vécu dans la pauvreté, à la charge de son frère, elle a été exploitée sexuellement. Bref, tout ce background a forgé une personnalité, mais aussi des souvenirs traumatiques. Elle se retrouve sur cette île en mode survie, et le lecteur a dans un premier temps l'impression qu'il assiste à des hallucinations, ou à l'introduction d'éléments fantastiques. Comme Alouette, nous naviguons en eaux troubles, sans réussir à connaître le vrai du faux jusqu'à la conclusion du récit. C'est un monde violent, un environnement étouffant, et Alouette va devoir régler son lien avec ses propres démons pour pouvoir s'en sortir. Les illustrations contribuent à l'immersion dans ce sombre univers, avec quelques images sanguinolentes, et permettent de brouiller les pistes. Un album prenant, jusqu'à la dernière page.
