L'histoire :
Après trois semaines de navigation au large des côtes africaines, le Revenge vogue à quelques miles nautiques au nord du Tropique du Cancer. Black Crow broie encore du noir de n'avoir pas pu sauver son ami Jack. Condamné au cabotage par manque d'homme, le Revenge ne progresse pas très vite. Soudain, trois navires apparaissent à l'horizon : deux chébecs sont en train de tenter de remonter un boutre pour l'aborder. Black Crow pense aux terribles Barbaresques. La fuite serait pire que tout : elle indiquerait aux pirates que le Revenge est une proie. Aussi, un seul choix s'impose : devenir une menace. C'est alors que le Revenge prend de la vitesse en établissant la grande voile et deux pièces sont installées à la proue. Arrivé suffisamment près, deux coups de canon font suffisamment de dégâts pour que les chébecs prennent la fuite sans demander leur reste. C'est une chance pour Black Crow : le boutre rescapé abrite le prince Abdallah el-Kamil, fils du Sultan Mohamed II. Celui-ci insiste pour que le Revenge appareille à Port Saïd afin de lui faire les honneurs. Sur la côte, deux personnages ont observé la scène à la longue-vue et semblent être déçus que leur conspiration contre le prince ait échoué...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque album de Jean-Yves Delitte invite au voyage. Cette fois-ci c'est dans une contrée musulmane où anglais et français tentent tant bien que mal d'étendre leur influence auprès du Sultan régnant à coups de sournoiseries diplomatiques et de croc-en-jambe hypocrites. C'est une nouvelle unité de lieu qui devient un parfait alibi pour faire évoluer Black Crow, jamais le dernier pour attirer le mauvais œil. On a maintenant vraiment peur pour son équipage, dont les membres originaux meurent album après album, pour ne plus être constitués que d'un ivrogne, un boiteux et un rustre. Il va falloir songer à recruter pour le prochain opus... Avec une intrigue intéressante et mouvementée, ce scénario montre un Delitte de plus en plus à l'aise dans l'écriture. Côté graphisme, on en a évidemment pour son argent : des belles marines comme seul un peintre officiel de la Marine (belge) sait le faire, mais aussi de splendides vues de villes aux accents orientaux et des panoramas intéressants. C'est presque aussi devenu une habitude pour l'auteur, de nous offrir quelques cadrages en doubles-pages, de toute beauté…