L'histoire :
En décembre 1775, tandis qu’un véritable blizzard s’abat sur la Nouvelle Ecosse, un individu encapuchonné s’approche d’une résidence britannique. Grace aux exécrables conditions climatiques, il parvient à traverser la garde militaire sans être vu et s’introduit à l’intérieur de la bâtisse. Cet homme, un indien surnommé Black Crow, est également un corsaire du roi, nommé Samuel Prescott. Il est là pour se venger du Commodore Howe, qui n’a pas respecté les termes d’un contrat. Black Crow se dirige jusqu’au salon, où se réchauffe le Commodore Howe auprès du feu. Après une brève explication, il lui tire une balle entre les deux yeux. Sept mois plus tôt à Boston, il avait reçu du même Commodore la mission de couler un navire hollandais faisant route vers le nouveau monde. A son bord, se trouvait en effet un important chargement d’armes et de munitions destinés aux rebelles congressistes. La réputation et l’audace de Black Crow en font un atout essentiel pour les britanniques. Il s’agit tout de même d’attaquer une frégate de 300 hommes, avec un équipage de 35 hommes. En échange, le Commodore lui a promis des terres ainsi que la protection des siens, réfugiés à Kingston…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Black Crow, nouvelle série de Jean-Yves Delitte (et oui, encore une !) se situe dans le prolongement direct des aventures de l’Hermione. Le contexte est celui de la guerre d’indépendance américaine, lors de laquelle français et britanniques s’affrontèrent sur terre comme sur mer. Entremêlant de manière exquise histoire, espionnage et action, l’intrigue met en scène moult tactiques, combats et abordages remarquables, exécutés par un étonnant mercenaire, entre corsaire chevronné et indien peinturluré. Or, si le scénario se boit comme du p’tit rhum, Delitte prouve aussi graphiquement que la BD classique a encore de très belles choses à montrer, à une (toute) petite exception. Au risque de nous répéter, l’auteur ne prend en effet aucun plaisir à varier les faciès : ce sont toujours les mêmes qu’il dessine dans toutes ses séries. C’est d’ailleurs un peu, désormais, sa marque de fabrique. Ce bémol est largement compensé par la virtuosité de ses encrages réalistes, montrant une fois encore un niveau de détail subjuguant dans les décors et les plans d’ensemble. On vit sur le pont, au milieu des cordages, et les assauts, sur terre comme sur mer, sont à la mesure. Quand on pense que dans le registre de l’aventure historique maritime réaliste, Patrice Pellerin ou François Bourgeon passent entre 2 et 4 ans à réaliser leurs albums (respectivement pour L’épervier et Les passagers du vent)… Delitte, lui, en pond un tous les 3-4 mois !! Au-delà du stakhanoviste, cet auteur complet est un extraterrestre. Notez d’ailleurs qu’une exposition lui est consacrée – car il est aussi Peintre Officiel de la Marine (Belge) – tout l’été 2009, au Louvre des Antiquaires (Paris).