L'histoire :
Une dégustation à l'aveugle dans un grand hôtel barcelonais en 2007 a fait tourner les têtes et déclenché un vent de passion. Le vainqueur fut un vin espagnol dont le nom était absolument inconnu de tous. El Ausente, l'absent en français, n'a d'ailleurs jamais révélé son secret, son propriétaire restant totalement injoignable. Cette victoire inattendue et spectaculaire, suivie d'une absence cruciale d'information, a fini par lasser les spécialistes et les critiques, du moins en apparence. Géraldine parvient à persuader son beau-père, accessoirement rédacteur en chef d'une revue spécialisée, à lui donner l'occasion de reprendre l'enquête. Cinq ans ont passé, mais la jeune femme est persuadée qu'elle obtiendra les informations qui ont échappé à tous es collègues. Incapable de résister à sa volonté et à son bagout, il finit par lui donner le feu vert pour trois jours d'enquête. Trois jours et pas un de plus, pour tenter de percer sur place l'un des grands secrets du monde du vin. Géraldine embarque alors le photographe attitré de la revue, un nostalgique des années 70, et ils foncent en direction de la région des Rioja. Ils commencent leur périple par une violation de propriété...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut un vrai savoir-faire pour concocter un récit plein de suspense autour d'un simple vin espagnol, fut-il le vainqueur d'une dégustation prestigieuse. Corbeyran y parvient avec une grande fluidité, nous amenant au bout de ce premier épisode vers un cliffhanger haletant et pour le moment joyeusement incompréhensible. Ce récit en deux volumes contient une partie de ce qui manque au Sang de la Vigne, une autre série vinicole que le même scénariste publie en même temps. Il prend le temps d'installer ses personnages et de nous les rendre familiers, comme la très agaçante mais très charmante Géraldine. Leur promenade-enquête au cœur des vignes espagnoles est elle aussi d'un rythme adapté, qui nous laisse apprécier le graphisme souple à la Manara du dessinateur Francisco Ruizgé. En bref, on s'installe dans cet univers avec un peu de profondeur, ce qui tend à rendre plus crédible un suspense par ailleurs fort peu réaliste. Comment le propriétaire d'un vin peut-il en effet rester inconnu ? Mais on s'en moque. Le suspense tient, le récit est à la fois léger et rythmé, et Géraldine est décidément trop sympa...
