L'histoire :
En 1956, Bowen et Cox sont deux pilotes d’essais parmi les meilleurs, engagés au sein de l’agence militaire américaine occulte ELSE (Experimental Logistics & Space Exploration). Depuis leur base Overground 9 située dans la top-secrète zone 51 du Nevada, ils testent des avions révolutionnaires notamment capables de sortir de l’atmosphère terrestre, utilisant des technologies d’avant-garde dont même la NAVY et la NACA (ancêtre de la NASA) n’ont pas idée. Pourtant ce jour-là, à vouloir battre un record d’altitude, ils manquent de peu de crasher leur prototype « Long Joe Space ». Ils s’extraient légèrement blessés de leur appareil en flamme, après un atterrissage en catastrophe. Leur vieille rivalité aidant, ils se reprochent évidemment l’un l’autre la responsabilité de l’accident. Or, la zone du crash de White sands (Nouveau Mexique) pose problème au général Yeppard, qui a suivi ce vol sur écran radar. Les opérations qu’il commande sont en effet classées « Majestic M12», c'est-à-dire au plus haut niveau de confidentialité, bien au-dessus du top-secret. La ravissante major Kim Costello, « amie » de Cox et Bowen, suspecte quelque chose de louche dans l’embarras de son général. Elle se débrouille donc pour compulser des archives qui lui sont interdites. Elle découvre non seulement qu’un physicien soviétique du nom de Kovlev a mis au point un avion rival encore plus performant que le leur, mais aussi que son bunker souterrain se trouve pile sous le désert de White sands et enfin que les USA ont réussi à infiltrer un agent à ses côtés. Or, justement, au même moment, Cox et Bowen sont fait prisonniers par Kovlev…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au départ, le ton ultra sérieux laisse croire à une grande série d’aventures et d’espionnage, dans le contexte historique de la course à l’espace des années 50, à laquelle se livrèrent les USA et l’URSS. Or d’emblée, Gil Formosa, pour la première fois en tant qu’auteur complet, se livre à une débauche d’emphase narrative et d’éléments caricaturaux, qui confinent à la série B. Les deux héros suintent de testostérone, leur rivalité est boursouflée d’orgueil un peu ridicule, la technologie d’avant-garde est quasi-extraterrestre, le caractère ultra archi secret des expériences est largement excessif, le méchant est vraiment très-très-très méchant, les seconds rôles féminins sont des bombes sexuelles aux gros lolos avec un pot de rimmel dans chaque œil… Bref, le contexte et ses atours sont beaucoup trop pompeux pour ne pas être parodiques. Un brin d’humour (et moins de dialogues ronflants) aurait alors effectivement été salvateur… Mais non, ce premier tome demeure tout du long à la fois archi sérieux et abracadabrant dans ses rebondissements, donc parfaitement grand-guignolesque. Sous cette couche, on sent bien poindre de vagues occurrences de science-fiction… mais on n’est plus à ça près et ce sera surtout l’affaire du prochain tome. Pour se consoler, reste tout de même de jolis encrages semi-réalistes avec des personnages souvent cadrés en gros plans, se livrant à moult scènes d’action, entrecoupés de fuselages d’avions chiadés… Mais même les aspects graphiques participent à cette agaçante impression de cabotinage général (sourcils froncés en permanence, postures exagérées, disproportions musculaires…). Une mise en bouche peu convaincante.