L'histoire :
On approche de la fin du XXIème siècle, la Chine est gouvernée par le Parti Extrémiste et subit les conséquences d'une politique de natalité totalement désastreuse, depuis des décennies. Dans certaines régions, les femmes composent moins de 1% de la population, des importations de femmes et un trafic nataliste se sont mis en place à l'échelle internationale. Dans un bar bourré de clients masculins hurlants après un combat de boxe, Chen se souvient de sa petite sœur Piao, quelques années plus tôt dans les champs. La gamine qui n'avait pas dix ans voulait mieux comprendre les coccinelles, et pourquoi il ne fallait pas les tuer comme d'autres insectes. C'est leur dernier souvenir en commun, car une horde de motards a kidnappé la petite fille. Chen est persuadé qu'elle a été envoyée vers les réseaux de prostitution. Il réussit à s'infiltrer dans la demeure du vainqueur du combat, à qui il a été promis en récompense une soirée avec une vraie femme. Une photo à la main, il fait irruption dans la chambre où doit se trouver la prostituée et va lui demander s'il reconnaît le visage de sa sœur. Ce n'est pas ce soir-là qu'il la retrouvera, mais quelque temps plus tard, dans des circonstances totalement inattendues et tout aussi dramatiques.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une introduction de quelques pages qui installe le contexte de la société chinoise devenue folle, la violence s'installe dans ce récit futuriste d'une grande noirceur. Les scènes imaginées par Aurélien Ducoudray sont mises en images de manière très sanglante par Antoine Dodé, qui se lâche littéralement pour dépeindre la folie de ces hommes dans un futur sans femmes. Le regard sombre et déterminé de Chen qui cherche sa petite sœur contraste avec les gueules déjantées de tous ceux qu'il croise, tout comme la douceur du visage de la petite Piao nous offre un très court répit à travers les souvenirs de son frère. La suite de cet épais récit emmène le jeune homme dans les bas fonds du trafic d'enfants et au cœur de la prostitution organisée par les chantiers qui font travailler des centaines d'ouvriers. Toutes ces scènes semblent un aboutissement ultime d'une société sans aucune loi ni scrupules. En ce sens, on peut voir un message derrière le scénario de cette dystopie. Mais les personnages échangent peu, et tout cela ne reste qu'en surface. On doit se débrouiller avec ces tribus de femmes exterminatrices et ces hommes déguisés en femmes, forcés de vendre leur corps. C'est sombre, violent et dérangeant, mais parfaitement séquencé, sans qu'on soit tout à fait certain que c'est tout ce que les auteurs souhaitaient.
