L'histoire :
Marie Bardiaux-Vaïente et Gally pénètrent dans le Conseil Constitutionnel, rue de Montpensier à Paris. Tandis que la dessinatrice s’interroge sur sa présence, la scénariste exulte. Mais quelle est la fonction de cette institution méconnue du grand public ? Un retour en arrière s’impose. En 1958, la Quatrième République s’effondre. René Coty fait appel au général de Gaulle, qui obtient les pleins pouvoirs et engage une réforme des institutions. Il confie à Michel Debré, dernier garde des Sceaux de la Quatrième République, la rédaction d’un projet de Constitution. Ce texte, approuvé par référendum à 85 %, instaure la Cinquième République et son garant : le Conseil Constitutionnel. Dès lors, toute loi doit respecter cette « norme suprême ». Créé en grandes pompes le 5 mars 1959 sous la présidence de Léon Noël, le Conseil réunit onze membres – uniquement des hommes à l’époque. Hé oui, les femmes étaient encore cantonnées à des rôles subalternes, à l'époque. Une base de neuf, ainsi que deux anciens présidents : René Coty et Vincent Auriol. Conçu pour limiter les excès du Parlement, le Conseil se distingue néanmoins de la Cour Suprême américaine, car de Gaulle refuse qu’un « gouvernement des juges » bride la souveraineté du peuple.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah le Conseil Constitutionnel ! De prime abord, ce n'est pas le sujet le plus funky de la planète. C'était sans compter les esprits sémillants de Marie Bardiaux-Vaïente et Gally... Au scénario de cette formidable aventure, on retrouve la scénariste engagée de Bobigny 1972. Féministe progressiste, elle insuffle un vent de fraîcheur à un sujet a priori austère. Avec humour et pédagogie, elle retrace l’histoire du Conseil Constitutionnel, de Camille Desmoulins au général de Gaulle, tout en soulignant son rôle actuel face aux dérives extrémistes. L’album met en lumière son importance, notamment avec la constitutionnalisation récente du droit à l’avortement. Ce sujet, crucial dans le contexte politique actuel, illustre combien cette institution joue un rôle de rempart contre les atteintes aux droits fondamentaux. Graphiquement, Gally varie les styles : un trait humoristique et dynamique pour l’exploration contemporaine, un noir et blanc plus solennel pour les flashbacks (dans les bacs) historiques. La mise en page (et en case) fait la part belle à des pleines planches qui donne l'ampleur qu'elle mérite à l’institution. En jouant les candides, les autrices nous embarquent dans un esprit à la « C’est pas sorcier ». On ressort de cette lecture avec une meilleure compréhension du rôle du Conseil Constitutionnel dans la République Française, mais aussi avec une prise de conscience de son impact sur nos libertés. Et aujourd'hui, ce n'est pas de trop.
