L'histoire :
En juin 1858, cela fait près de 20 ans que Charles Darwin est rentré de son voyage autour du monde de 5 années à bord du HMS Beagle, qui lui a permis de rapporter en Angleterre des milliers d’échantillons animaux, végétaux et minéraux. Et néanmoins, il vit quasiment reclus chez lui, à Down House, toujours en train d’étudier et de rédiger son grand œuvre sur l’origine des espèces et sa théorie de l’évolution. Ses amis Thomas Huxley et Charles Lyell lui rendent une visite express. Il est urgent qu’il publie ses recherches monumentales et révolutionnaires, car un concurrent, Alfred Russel Wallace est sur le point de publier une littérature similaire ! Or les études de Darwin sont plus poussées, plus complètes… Mais Darwin reste tiède et propose plutôt d’aider Wallace dans sa publication. Huxley et Lyell s’insurgent : pourquoi avoir tant étudié, si c’est pour ne rien révéler au monde ? Darwin est cette fois obligé de s’expliquer. Cela remonte au temps où il était encore sur le Beagle, aux côtés du commandant Fitz Roy. En mars 1834, leurs circonvolutions les avaient amenés à retourner visiter leurs amis indiens en Terre de Feu. Leur déception était grande lorsqu’ils avaient découvert que les trois individus qu’ils avaient civilisés n’avaient pas réussi à faire évoluer leurs semblables. Fitz Roy, surtout, en avait été bouleversé. Déprimé, même…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa théorie de l’évolution et son livre L’origine des Espèces, Charles Darwin a scientifiquement et brutalement révélé à l’humanité ses origines animales et non divines. Un séisme, au milieu du XIXème siècle ultra chrétien ! Comment cet homme, à partir d’un tour du monde et d’échantillons biologiques, a t-il pu oser tuer l’idée de Dieu !? C’est ce bouleversement, ce tour de force monumental que cerne en propos le scénariste Christian Clot à travers la biographie bédessinée de Charles Darwin, assurément l’un des plus grands savants de l’Histoire. Après un flashforward que nous rejoindrons en fin d’album, la narration nous réembarque majoritairement sur le HMS Beagle, à peu près là où nous avions laissé notre jeune savant à la fin du tome 1. Au gré de ses observations, Darwin se forge une certitude sur la lenteur du processus de transformisme, qui repousse radicalement l’âge que l’on croyait acquis de la création (4004 ans avant JC) à plusieurs millions d’années… Il se heurte dès lors violemment à la foi de son commandant, ce qui ouvre une faille de confiance profonde entre eux. Le scénariste montre aussi comment Darwin déduit ses grands principes à partir des processus d’érosion ou de l’évolution des coraux. Plus qu’une biographie de l’homme, Clot fait une démonstration des idées et les replace dans le contexte historique, avant d’admirablement tout synthétiser à travers les dialogues et les voix off – une sacrée gageure ! Le diptyque qui en résulte est tout bonnement passionnant et essentiel, de surcroit dessiné par un Fabio Bono en grande forme, qui met tout son art semi-réaliste au service des paysages panoramiques, des espèces variées et du décorum victorien sur Terre ou à bord du Beagle. En bref, l’une des biographies les plus abouties de la collection Explora.
