L'histoire :
Dans une des communes de Bruxelles, Edgar Pierre Jacobs fait un rêve étrange où il se voit parcourir les salles du Musée du Cinquantenaire dans le magnifique parc du centre-ville de la capitale belge. Nous sommes en 1919, et le lendemain le jeune homme va raconter les sensations de la nuit dernière à son ami Jacques Van Melkebeke. Ils vont ensuite décider de se laisser enfermer dans le musée le jour suivant. Ils y vivront un moment inoubliable, au milieu des antiquités égyptiennes, fascinantes et effrayantes. Les deux amis vont devenir étudiants à l'académie royale des Beaux-Arts, même si la passion d'Edgar, c'est surtout l'opéra, où il va essayer de décrocher des petits rôles pour sa belle voix de baryton. C'est par une succession de coïncidences que le futur auteur de Blake et Mortimer va s'approcher du métier qui le rendra célèbre, dont la rencontre avec Hergé, qui lui propose de devenir son collaborateur, mais il cherche, semble-t-il, à mettre ce talent remarquable à l'abri d'une trop grande notoriété. Edgar poursuit sa route dans toutes les directions – le chant et le dessin – il connait des amours compliquées, travaille énormément. Jacques est toujours là pour soutenir son ambition, discuter ses projets, poser pour donner vie à de futurs personnages. Et discuter avec lui de ses idées de scénario...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur la base des entretiens nombreux de François Rivière avec EP Jacobs, et s'appuyant sur une admiration graphique évidente de Philippe Wurm, voici une biographie de la vie du créateur de Blake et Mortimer, 75 ans après les premières pages des deux héros dans le journal Tintin. Complètement chronologique et découpée en chapitres à thème, l'album prend le temps de nous faire découvrir le jeune homme bien avant qu'il décide de se consacrer à la bande-dessinée. Beaucoup de passion, un sens pratique des réalités et de la nécessité de gagner sa vie, et une fierté personnelle qui ressortent de plus en plus, tandis que Jacobs progresse vers la notoriété. On découvre un certain envers du décor lorsque Jacques discute avec l'auteur de ses idées à venir, la tension avec Hergé est très instructive, et le souci de donner au lecteur ce qui le fera rêver. Bien évidemment, le dessin à la ligne claire de Wurm et les couleurs classiques de Benoît Bekaert jouent un rôle énorme dans l'atmosphère très réussie de cette biographie, les trottoirs de Bruxelles toujours battus par la pluie, les paysages célèbres que les personnages visitent avant qu'ils deviennent des cases de Blake et Mortimer ! Une touche supplémentaire de belgitude affirmée est présente dans l'album, les expressions et les souvenirs d'enfance, qui resituent avec crédibilité les moments de vie derrière les aventures dessinées. Bien sûr, certaines cases sont de véritables hommages à des images cultes. On pourra s'amuser à les retrouver ou bien juste saluer la justesse de leur restitution. L'album se termine par une touche graphique plus personnelle et très touchante, un certain 20 février 1987. Une jolie réussite, même si seuls les fans sauront en apprécier toutes les dimensions !