L'histoire :
A Yad Vashem, au mémorial de la Shoah, à Jérusalem, Irena a été reconnue Justes parmi les Justes. Âgée de 80 ans, maintenant, elle raconte son histoire face à un public attentif. Devant elle, la jeune femme qu’elle a sauvée avec sa petite fille écoutent avec passion. D'ailleurs, la petite fille porte tellement d’attention au récit, qu’elle n’hésite pas à interrompre Irena pour poser une question. Elle oublie un instant que ce n’est pas une histoire fictive, qu’on lui conte, mais bien celle d’Irena quand elle était plus jeune. Une façon délicate de mettre de la légèreté dans une histoire ô combien sensible. Car à l'époque, malgré la torture qu’elle a endurée par la Gestapo, Irena ne veut pas s’arrêter de résister. Il y a tellement de gens dans la souffrance qu’elle refuse de rester chez elle à ne rien faire. Grâce au réseau de résistance, une nouvelle identité lui est proposée. Même si cela lui déchire le cœur de laisser sa mère âgée seule, le combat n’attend pas. Et comme promis, elle ne se rendra pas à ses obsèques, afin de ne pas être capturée par l’envahisseur. Il faut soutenir, aider, rationner ceux qui se cachent. Il faut aussi des petites mains pour soigner ceux qui ont combattu pour la liberté, persuadés que les russes, proches de Varsovie, vont les aider. Elle fait partie de celles qui prendront soin des blessés, car c'est un carnage : 180 000 civils et 12 000 résistants polonais tués. La rage de vaincre et de vivre l’habite. Rien ne pourra mettre fin à sa témérité et son courage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retrouver Irena est un plaisir singulier. Après trois tomes, on s’est attaché à ce petit bout de femme. Derrière une apparence ordinaire et une attitude simple, se trouve en effet une femme d’une bravoure inouïe. En condition de conflit, là où la plupart des gens se sont caché ou ont dénoncé leurs voisins, elle a osé dire non à la haine, à la violence et à l’injustice. Elle a fait partie des gens exceptionnels qui ont cru en la bonté de l’être humain et en des jours meilleurs. Le duo de scénaristes Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël ont trouvé le juste équilibre pour donner vie à ce personnage, afin de rester fidèle aux véritables actions d’Irena Sendlerowa, sans jamais tomber dans l’empathie facile et grossière. Ils trouvent le ton adéquat pour en faire quelqu'un d’authentique, à qui l’on a envie de faire confiance. Un exercice d’autant plus difficile qu’il faut aussi penser au jeune public à qui se destine cette BD. Il faut aussi évoquer l’Histoire, les SS, les camps de concentration, la persécution des juifs, les communistes, les résistants, les artistes… Sans oublier que rien n’était ni tout blanc, ni tout noir. Ainsi, Irena trouve l’aide d’un soldat allemand embrigadé de force. Et pourtant, elle doit faire face à la dénonciation par des polonais de polonais hébergeant des juifs. Ce qui fait aussi la force du récit, est le travail du dessinateur David Evrard et du coloriste Walter. Le graphisme devient de plus en plus précis, les ambiances plus nuancées, les jeux de couleurs plus subtils et tout cela nous immerge plus encore dans l’émotion. Un véritable régal pour les yeux. Qu’on soit un enfant ou un adulte, le plaisir sera partagé. Ne passez pas à côté de cette extraordinaire BD qui combine à merveille la petite et la grande Histoire.
