L'histoire :
Jack Palmer est sans doute le plus nul des détectives privés. En effet, trench-coat, chapeau et enseigne ne suffisent pas à venir à bout des enquêtes politiques ou des affaires de mœurs qu’on lui confie. Encore faut-il avoir la compétence préalable et un minimum de jugeote au moment T. Petit, bedonnant, le regard vide, Palmer reste le plus souvent perplexe devant les problématiques qui lui sont soumises, dépassé par les enjeux ou nigaud face à l’absurde de la situation dans laquelle il se fourre. Or, les enquêtes, c’est pourtant encore ce qu’il fait de mieux : quand on lui confie des tâches manuelles, il s’avère une véritable catastrophe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis le début des années 60, le dessinateur et caricaturiste René Pétillon se distingue par un humour politique ou « sociétal » souvent acerbe et clairvoyant. Grand prix de la ville d’Angoulême en 1989, l’auteur collabore encore aujourd’hui chaque semaine au Canard enchaîné, avec un style graphique minimaliste et dynamique qui fait souvent mouche. Le personnage de Jack Palmer, détective looser bedonnant qui insiste dans un job qui lui sied mal, fut créé en 1974 et il est depuis toujours resté son personnage fétiche : une nouvelle et quatorzième « aventure » est d’ailleurs sortie en novembre dernier, pour singer les travers de la crise (Enquête au paradis). Comme pour rebondir sur cette actualité, les éditions Glénat publient cette « espèce d’intégrale », qui reprend en fait quelques gags et historiettes piochées vers le milieu de la série : elle est sensée recueillir le meilleur de 5 albums parus entre 1989 et 2003. Evidemment, étant donné que l’ouvrage brasse plusieurs époques, le style de dessin varie : tantôt Palmer a presque les bras qui touchent le sol, tantôt son chapeau ressemble à une crête de coq, tantôt le trait est plus épais et la caricature spontané. A l’image de l’auteur, l’humour dont font preuve les gags est inclassable : tantôt Pétillon met en exergue l’absurde d’un fait de société (politique ou social) avec une grande subtilité ; tantôt on sent que le propos relève d’un certain potentiel, mais il est lourdement mis en valeur ; tantôt c’est un flop. A ce titre, il semble que l’exercice du best of n’ait pas été totalement abouti : une sélection plus drastique, et le recueil y aurait gagné en qualité.
