L'histoire :
Friedrich-Wilhelms-Universität, Berlin, 30 mars 1933. Le professeur Léo Szilard récupère les copies de ses étudiants et informe son ami Otto Mandl de son intention de quitter l'Allemagne, qui bascule dans le nazisme. Il souhaite rejoindre Londres, puis les États-Unis. Ambassade des États-Unis à Rome, octobre 1938. Enrico Fermi passe des tests pour obtenir son visa pour les États-Unis. Maison des concerts, Stockholm, 10 décembre 1938. Le prix Nobel de physique est attribué à Enrico Fermi pour ses travaux, entre autres, sur la démonstration de l'existence de nouveaux éléments radioactifs produits par l'irradiation neutronique. Usine de Toyo Cork Kogyo, à 5 km d'Hiroshima, 30 décembre 1938. Morimoto se voit accorder l'autorisation de rentrer chez lui : son fils Satoshi, pilote aérien dans l'armée japonaise, est de retour. Il dîne le soir avec ses deux fils, en pensant à son épouse décédée. Manhattan, New York, février 1939. Lors d'un diner, Enrico Fermi et le Dr Szilard parlent de HG Wells et de ses écrits. Szilard est persuadé de pouvoir créer des neutrons secondaires à partir de fission nucléaire. Il va tenter cette expérience en laboratoire avec de l'uranium...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les bombes atomiques lancées sur Nagasaki et Hiroshima les 6 et 9 août 1945 ont scellé à jamais le destin de l'humanité. Ce jour-là, l'homme a appuyé sur le bouton rouge de l'auto-destruction, inspirant notamment la littérature et le cinéma (La planète des singes, Godzilla, Le tombeau des lucioles, Docteur Folamour) comme la bande dessinée avec le Hibakusha de Thilde Barboni et du regretté Olivier Cinna. Au départ, les scientifiques étaient animés par l'idée d'apporter un immense progrès pour l'humanité, avant de se rendre compte qu'ils avaient engendré un monstre, une hydre. Ironie du sort... Pour la Bombe, tout a commencé par le désir de Didier Alcante, marqué par un voyage scolaire au Japon quand il avait 11 ans. Lors de son périple nippon, il fut captivé par l'ombre d'une victime fixée sur un mur lors de l'explosion de la bombe H larguée par les Américains au-dessus d'Hiroshima. Dans cette aventure, il se partage le scénario avec Laurent-Frédéric Bollée, qui s'était déjà frotté aux grosses paginations avec Terra Australis, pour créer un récit qui, longtemps après sa lecture, laissera des traces. Le scénario bien documenté laisse la part-belle à une narration fictionnelle fort bien construite (avec l'uranium en voix off), ménageant un véritable suspense tout le long, jusqu'à l'inéluctable. Au dessin, Denis Rodier réussit le tour de force de pondre des planches d'une qualité immense, en jouant sur les ombres dans un noir et blanc impeccable. En ces temps de confinement, la Bombe est une lecture saine qui pourrait bien meubler votre temps libre forcé et montrer que l'homme est bien un loup pour l'homme, dixit Thomas Hobbes.
