L'histoire :
En 2006, à Paris, débute une série de meurtres très spectaculaires touchant les grands maîtres de la franc-maçonnerie. A chaque fois, la scène de crime est laissée dans une configuration savante, laissant une forte place à la symbolique et aux interprétations. La police se perd d’autant plus en conjectures, qu’il n’y a quasiment pas d’indice pour orienter son enquête. L’affaire est néanmoins confiée à Marc Delano, un jeune inspecteur réputé pour être un franc-tireur incorruptible et jusqu’au-boutiste. Delano place les grands maîtres survivants sous étroite surveillance policière. Il s’adjoint également l’érudition de Robert Anderson, membre actif de la franc-maçonnerie, pour percer quelques secrets de ce milieu on ne peut plus hermétique. Ensembles, ils se rendent à Rouen, où a été retrouvé le corps d’Hermann Aviram. Alors qu’il venait d’être élu grand maître, celui-ci est retrouvé allongé sur la table à manger au domicile de son prédécesseur. Sa cage thoracique a été laissée béante. Ses paupières ont été découpées au scalpel. Son cœur a été extrait et se trouve embaumé dans une urne déposée à côté… Mais qui en veut autant aux francs-maçons et pourquoi perpétrer des crimes aussi horribles ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second volet conclut l’intrigue mais ne répond que partiellement aux questions soulevées par le premier opus. Rappelons tout d’abord la nature de ce diptyque, qui s’inscrit dans la lignée du Triangle secret, à savoir un thriller sanglant remuant les cercles obscurs de la franc-maçonnerie, un milieu assujetti à tous les fantasmes et aux mystères. Ici, ce sont les grands maîtres de différentes obédiences qui se font trucider un à un. Un flic vertueux, du genre cow-boy solitaire et incorruptible, essaie donc héroïquement de comprendre et de protéger les victimes potentielles. De fausse pistes en dialogues soignés (mais un peu bavards), le scénario de Joëlle Savey finit par révéler globalement les raisons des crimes – sans en dire de trop, avouons qu’il en va de l’orientation de notre humanité (pas moins). Précisément révélées en fin d’album, ces motivations, toutes intéressantes soient-elles, auraient pourtant mérité d’être plus creusées et moins entourées des aspects grand-guignolesques des meurtres. Inversement, la partition du thriller horrifique y aurait gagné à être nettoyée de tous ces palabres ésotériques et historiques, pour faire la part-belle à la fureur pure de l’ennemi, que relaie impeccablement les scènes sordides des crimes. En fait, il y a dichotomie : La conjuration des vengeurs oscille entre un propos de fond très intéressant, mais trop peu exploité, et le registre du thriller horrifique un poil gore. Les enjeux ne cadrent tout simplement pas avec les méthodes. Ajoutons à cela une psychologie de personnages légèrement artificielle (la relation entre le héros flic et sa nouvelle conquête sonne faux) et des personnages certes dessinés de manière réaliste avec application, par Cyrille Ternon, mais très figés… Bref, le divertissement est tout de même bien là, mais qui manque de cohérence pour être un régal.