L'histoire :
Novembre 1768. L’antipathique comtesse Jeanne-Sophie de Sambre et sa fille Charlotte se trouvent exilées à Vienne. Au cours d’un jeu, Charlotte rencontre Werner Von Gotha, un orphelin aux yeux rouges. Le Duc Goetz Von Gotha s’occupe de lui et pense en faire son héritier. Du premier coup, Charlotte tombe amoureuse de Werner. Mais, sa mère a d’autres projets pour elle et méprise ce garçon sans fortune. Après les moyens machiavéliques utilisés par Jeanne-Sophie contre l’amour des deux jeunes gens, Charlotte, toujours amoureuse, se trouve dans l’affliction et décide de prendre le voile. La comtesse voit ses plans tout à fait compromis. Elle fait appel au chanoine Saintange pour qu’il réussisse à détourner Charlotte de ses inclinations amoureuses. Sous l’influence de la comtesse, il propose de célébrer une messe rouge en présence des deux amoureux. Revenu au château du Duc, Werner se trouve mortifié par son échec avec Charlotte et par les perversités de sa mère. Il se retrouve perdu, noyé dans son chagrin. Le Duc vient alors le retrouver avec une incroyable nouvelle. Il a retrouvé la mère de Werner ! Mais, c’est une matrone flamande que Werner repousse. Que vont devenir les deux amoureux ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bernar Yslaire poursuit sa formidable et romantique saga des Sambre commencée avec Balac (Yann) en 1986. Il en a fait l’œuvre de sa vie, en créant même l’arbre généalogique des Sambre. Un arbre qui va le conduire à raconter le destin et les amours de cette famille. Un petit état des lieux s’impose. Le premier degré d’ascendance (1768-1769) de La guerre des Sambre réunit Werner et Charlotte dont le cycle prend ici fin. Vient ensuite la génération de Cujus (1789-1794) avec Maxime et Constance. Puis, la première génération de la Guerre des Sambre (1830-1847) avec Hugo et Iris. Puis, débute l’histoire des Sambre avec la deuxième génération (1847-1848) qui unit Bernard et Julie et la troisième génération (1856-1862) avec Bernard-Marie et Judith. Pour le cycle de Werner, le scénario d’Yslaire reste classique : jeux tragiques de l’amour, jeux de pouvoir et immoralité. Les personnages disposent d’une personnalité propre et Yslaire fait preuve de beaucoup de psychologie. A travers les intrigues d’une mère et le contexte historique, Yslaire met l’amour à rude épreuve. Et il nous dévoile le mystère de la malédiction des Sambre. On apprend l’identité de Werner et de ses parents. Le dessinateur Marc-Antoine Boidin apporte tout son talent à l’ouvrage. Son trait racé et élégant trace personnages et décors avec maestria. Avec leurs intrigues, ses personnages prennent vie comme au cinéma ou dans la vie réelle. Le dessin de Bodin exprime toute une palette de sentiments. Jeanne-Sophie incarne le cynisme, Charlotte, l’innocence et Werner, l’indécision. La reconstitution historique est parfaite. Mais le dessin ne suffit pas. Le scénariste doit fournir un scénario qui tient debout et, à ce jeu, Yslaire excelle. En donnant au récit un découpage approprié, il propose une histoire à la fois limpide et tortueuse où scénario et dessin se complètent à merveille. Et, que dire des couleurs rouges et sombres qui accentuent l’aspect romanesque. Un classique incontournable de la BD romantique…