L'histoire :
1971, Washington DC. Dans une chambre d’hôtel, un sniper scrute la rue avec son arme longue portée. Dans son viseur, le chef du FBI, John Edgar Hoover. Alors qu’il s’apprête à tirer, un coup de fil le somme de ne pas exécuter son contrat. Il obtempère… Les commanditaires ont une meilleure idée. Ils préfèrent kidnapper Frank Baughman, son ancien bras droit, pour le faire parler et discréditer Hoover, afin de l’obliger à quitter ses fonctions. Frank a connu John Edgar sur les bancs de l’université. Ensemble, ils révisent leurs cours et sont pleins d’ambition pour l’avenir. Quand John Edgar devient l’assistant personnel du ministre de la Justice, il invite Frank à le rejoindre comme collaborateur. Hoover souhaite s’entourer d’une équipe dévouée pour combattre le péril communiste. Pour lui, les syndicats prennent de plus en plus de pouvoir et représentent une menace pour le pays. Hoover craint l’idée d’une révolution bolchévique aux USA. Il hait « les Rouges », comme il les appelle. Il cherche à frapper un grand coup : leur faire porter le chapeau de l’attentat contre le nouveau ministre la justice Mitchell Palmer et les expulser du territoire manu-militari…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors qu’Il était une fois en France s’apprête à tirer sa révérence, Glénat publie une série historique dans la même veine et au long court (5 tomes prévus), centrée sur un personnage multi-facettes. Dans La Main de Dieu, Marc Védrines explore en effet la vie de John Edgar Hoover, le fondateur du célèbre Federal Bureau of Investigation (FBI). Pendant près de 50 ans, Hoover a été l’un des hommes les plus influents des USA, résistant à tous les changements de gouvernement. Védrines souhaitait depuis longtemps évoquer cette personnalité complexe. Son projet était bien avancé quand… Clint Eastwood lui grilla la politesse en sortant un film sur la vie d’Hoover (J Edgar sorti début 2012). Plus de peur que de mal : le film survole la personnalité multiple d’Hoover pour s’attarder sur sa love story impossible avec un autre homme, Clyde Tolson. Une bonne nouvelle pour Védrines qui souhaite explorer davantage la complexité du personnage (un visionnaire ? un manipulateur ? un réactionnaire ?). « Plus le film avançait, plus j’étais soulagé » nous a-t-il avoué. Védrines porte ici la triple casquette de scénariste-dessinateur-coloriste (une première !) et frappe un grand coup. Sa mécanique narrative est bien huilée, les dialogues percutants. Il évite les écueils liés à l’adaptation d'une biographie. Son angle d’attaque est original : il choisit de raconter l’histoire à travers l’interrogatoire d’un homme qui a connu Hoover à un moment de sa vie. Il focalise sur la psychologie du personnage, sur ses rapports avec le pouvoir, les femmes, les hommes, les communistes. Côté dessin, Védrines nous offre une partition graphique pertinente et différente de sa griffe habituelle : dessin stylisé, encrage épais, nuances de gris, de vert, d’ocre. Tous ces éléments sont au service de la densité et de la force du récit. Souhaitons à La main de Dieu le même succès qu’Il était une fois en France, ce serait mérité.