L'histoire :
Enfant à l’aube du XXème siècle, Hubert Lessac s’intéressait alors aux mathématiques et à la mécanique. Quelques années avant la Grande Guerre, sa rencontre avec Louise le sauve d’une vie de dépravé en tant que dandy mondain. Elle l’emmène en effet à un meeting aérien, où il voit pour la première fois un avion faire un looping. Dès lors, l’envie de devenir pilote ne le quitte plus. Il s’inscrit pour passer son brevet, l’obtient et… c’est à ce moment que la France entre en guerre. Hubert fait logiquement ses classes en tant qu’aviateur et participe tout d’abord à la guerre en faisant des missions d’observation. Puis, vue son expérience et son envie de dégommer des ennemis, il devient chasseur à bord d’un Spad. Commence alors pour lui une longue liste de trophées, qui font sa renommée. A l’automne 1917, Hubert Lessac est devenu un as de l’aviation. Il a même droit à un reportage dans les actualités cinématographiques. Or cet ultime privilège cause sa perte. Louise n’en peut plus de se ronger les sangs pour lui. Dans une lettre, elle lui annonce qu’elle le quitte. Effondré, Hubert s’envole alors pour sa mission avec un tempérament suicidaire. Ça ne manque pas, c’est un as allemand qui le mitraille. Touché, son avion s’écrase dans ce qui ressemble à un marécage de boue, en plein milieu de la zone de front. Mais Hubert ne meurt pas : il est récupéré par Pierrot et Milo, deux poilus qui appartiennent à une bande de patrouilleurs. Blessé et transporté par cette escouade hétéroclite, Hubert va vivre quelques semaines en leur compagnie, au milieu de l’apocalypse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Centenaire commémoratif oblige, en cette année 2014, le 9ème art nous abreuve d’ouvrages évoquant chacun à sa manière la Première Guerre Mondiale. Vu la gravité du sujet et l’hécatombe du conflit, tous les auteurs qui se frottent à l’exercice le font avec la juste considération, entre hommage mémoriel et culture du héros patriote, se surpassant dans leur art séquentiel. Avec cette histoire fictive d’un aviateur qui intègre, blessé, une patrouille de poilus venus de différents horizons, Olivier Supiot n’échappe pas à cette catégorie d’ouvrages réussis… mais hélas, finalement, standards. Supiot découpe son affaire en quatre chapitres. Au début de l’album, le personnage d’Hubert Lessac incarne le héros au centre des débats : on apprend sa jeunesse, sa passion pour l’aviation, ses mérites de guerre, jusqu’à sa chute tragique. Dans les chapitres suivants, s’il reste bien le narrateur, il n’est plus vraiment sur le devant de la scène. Ses compagnons d’infortune poilus le remplacent, dans leurs pérégrinations sans but, aussi absurdes que fatales. L’un d’eux, un bagnard impitoyable et invulnérable surnommé Titan, acquiert même un rôle prépondérant. Avec une technique mélangeant visiblement gouaches et crayons en couleurs directes, Supiot, en tant qu’auteur complet, fournit un joli travail graphique, plus réussi pour les ambiances tourmentées que sur les faciès des personnages. Ses teintes sépia et ocre collent à la boue et à l’image qu’on se fait de l’époque, puis virent aux sanguines lorsqu’on tutoie la mort. Au sortir de l’album, on retient une impression diffuse. Tout est plutôt bien fait, mais on n’a rien appris d’autre que ce qu’on savait déjà : la guerre est une belle salope ; la camaraderie est une belle vertu. Les intentions de l’auteur restent floues…