L'histoire :
À la fin de l’été 1592, Michelangelo Merisi arrive à Rome avec un petit baluchon en guise de bagage. Vif et impétueux, il se signale dès son arrivée par son sens de la justice, en défendant la paysan qui l’avait convoyé dans sa charrette de légumes jusqu’à la ville. Dès le soir, il sauve un vieil homme agressé par des hommes de main d’un jeune bourgeois, lui-même sbire de la famille Farnèse, Ranuccio Tomassoni. Il s’est déjà fait un ennemi. Mais il s’est aussi fait un allié, avec le vieux Lanzi, qui lui présente des amis architectes et peintres. Ceux-ci le rebaptisent du nom de sa ville d’origine, Caravage. La première nuit, il est hébergé chez un peintre, Antiveduto Grammatica, grâce au jeune Mario, qui deviendra son meilleur ami, son modèle aussi. Grammatica, impressionné par un portrait de Mario réalisé par Michelangelo dans la nuit, le présente dès le lendemain au Cavalier d’Arpin. Pendant des jours, le Caravage va peindre des fleurs et des fruits sur les toiles du Cavalier d’Arpin, tout en apprivoisant la capitale. Généreux et épris de justice sociale, il se lie d’amitié avec des prostituées, ce qui redouble ses ennuis avec Ranuccio, qui en est le souteneur… Entre eux, c’est désormais la guerre. Michelangelo va bientôt rentrer au service d’un mécène, le cardinal Del Monte.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand un maître du 9ème art s’intéresse à la vie d’un génie de la peinture, on est en droit de s’attendre à du grandiose. De ce côté-là, on n’est pas déçu. Rome est magnifique, les reproductions de toiles, celles d’Arpin comme celles de Caravage, sont captivantes. Les femmes sont belles, comme toujours chez Milo Manara. Mais ce sont les hommes qui sont le plus souvent nus, surtout Mario, le modèle du Caravage. On n’en est pas sûr, mais il semblerait que les hommes aient eu la préférence du Caravage. Celui-ci a eu une vie tumultueuse : meurtrier exilé, montré du doigt par l’Eglise pour avoir pris des prostituées comme modèle pour la Vierge… Manara adapte son histoire, sur laquelle de nombreux voiles sont encore laissés. Le vieux maître en profite pour tisser un lien dramatique entre son héros et l’homme qu’il a assassiné au cours d’un duel, Ranuccio Tomassoni. Le caractère passionné de Caravage et ce fait divers l’ont longtemps fait passer pour un homme violent. Cela permet à Manara de donner de la vie à l’intrigue et de faire en sorte que cette biographie romancée soit suffisamment romanesque. C’est aussi une œuvre militante qui permet à l’auteur italien de redonner un souffle à un peintre qui a été « descendu » par l’intelligentsia de l’époque, notamment parce qu’il était un rebelle… Ombres et lumières, comme dans l’œuvre de Caravage, sont présentes partout, au propre comme au figuré. Le tout se lit avec un grand plaisir. L’objectif de Manara est atteint : on aime ce Caravage, on a envie de le suivre…