L'histoire :
En 1906, Antoine Vigier revient sur les terres de ses exploits avec sa femme et son fils. Il veut leur montrer « son » chantier, celui où il officiait en tant que simple ouvrier métallurgiste : la Tour Eiffel. Toujours à sa place alors qu’elle ne devait rester que dix ans après l’Exposition Universelle de 1889, le monument a connu au moment de sa construction, des péripéties diverses et variées. Au pied de la Tour, Antoine et sa famille rencontrent Gustave Eiffel, qui confesse que sans Antoine ou « Tonin », tel qu’on le surnommait à l’époque, la Tour Eiffel n’aurait jamais existé. Tout commence en effet en 1884. Tonin est alors un jeune gardien de troupeaux dans le Cantal. Un jour, il se dispute avec son père qui engloutit en alcool tout l’argent qu’il ramène à la maison. Il se fâche avec lui et quitte la maison familiale. Il trouve refuge chez un forgeron qui lui enseigne le travail du métal. Deux ans plus tard, il monte sur Paris pour découvrir le monde. A Paris, le projet de tour de Gustave Eiffel est retenu. Mais, la menace anarchiste se fait de plus en plus présente. Elle plane sur la ville et projette de frapper un grand coup en faisant exploser la Tour Eiffel. Au même moment, Tonin découvre la vie parisienne et trouve une place sur le chantier de la Tour Eiffel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Mystère Tour Eiffel relate l’histoire de l’édifice à travers l’histoire (romancée) et les yeux naïfs d’un véritable Rastignac, monté à la capitale pour vivre sa vie. Les idéaux de Tonin vont être mis à mal au gré des rencontres qui vont le déniaiser (Camille) et les célébrités croisées ici et là (Vincent Van Gogh, Aristide Bruant, Toulouse-Lautrec, Gustave Eiffel). Au passage, on apprend bon nombre de choses (et de façon ludique), sur ce monument mondialement connu, symbole de la Ville Lumière. En effet, le projet d’Eiffel était opposé à celui de Garnier, architecte du célèbre opéra. Celui-ci avait proposé une Tour en Pierre de 300m. Refusé, car le sous-sol de Paris n’aurait jamais résisté à un tel poids. De plus, la Tour ne devait rester en place que 10 ans et être démontée ensuite. Il faut saluer ici le travail de documentation des scénaristes (Vincent Guérin et Vincent Lacaf aux manettes) qui nous plongent dans le Paris et ses alentours, insouciant et débordant d’énergie (le village de Montmartre, le Moulin Rouge, les voies sur berges à Bougival). Cette insouciance cache un mal-être social galopant où les anarchistes luttaient contre le pouvoir en place. La Tour Eiffel en était le symbole. Il faut le détruire. Finalement les époques se suivent et se ressemblent : la Tour Eiffel serait en 2010 encore la cible d’un attentat fomenté par Al Qaïda. Les dialogues respectent l’argot et les expressions de la fin XIXe (un poulbot, les apaches, la ravachole). Le trait précis et délicat de Lacaf reprend sans fausse note l’atmosphère de l’époque, sans tomber dans le cliché. Il réussit à nous faire voyager dans ce passé pas si lointain. En chipotant un peu, on peut certes trouver l’histoire gentillette, mais c’est un parti-pris des auteurs qui faut respecter et qui colle parfaitement à la période. A lire pour en apprendre un peu plus sur cette dame de fer qui fascine les parisiens et les touristes depuis des lustres.