L'histoire :
1806, Villers-Cotterêts. Alexandre Dumas, encore enfant, apprend que son père Thomas Alexandre est mort dans son lit des suites de son ulcère. Triste mort pour cet homme à la destinée hors du commun. Fils d’esclave noire, il deviendra en quelques années général d’Empire de Napoléon Bonaparte. Né à Saint Domingue en 1776, Thomas Alexandre, dit Alex, est l’un des quatre enfants de Marie-Cessette Dumas, esclave noire et femme d’un certain Alexandre de l’Isle, négociant blanc venu de France. Favori de son père, Alex (ainsi qu’il se surnomme) apprend à monter à cheval, à manier le sabre et le fusil. Un évènement terrible va changer sa vie lorsqu’il est séparé de sa famille, revendu à un autre propriétaire, alors que lui doit embarquer pour la France, racheté clandestinement par son propre père qui se trouve être en réalité le marquis Alexandre Antoine Davy de La Pailleterie. Le marquis souhaitant faire de son fils un noble héritier, va faire son éduction sociale et militaire et l’introduire auprès de la cour royale où sa couleur de peau séduit autant qu’elle dérange. Suite à un différend avec son père, Alexandre va alors renier sa noble condition et reprendre le nom de Dumas avant de s’engager dans le régiment des dragons de la Reine comme simple soldat.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alexandre Dumas fut l’un des auteurs les plus populaires de son époque, une véritable star avec son public fidèle et même ses groupies. Mais l’Histoire a, au fur et à mesure, occulté ses origines métissées, ce qui n’était pourtant pas banal à cette époque, jusqu’à le représenter sous les traits d’acteurs blancs dans les diverses pièces et adaptations au cinéma (Depardieu dans L’autre Dumas de Safy Nebbou). La révolution culturelle qui est en marche depuis plusieurs années tente de réhabiliter ses origines à juste titre. De la même façon, la vie du Général Dumas, illustre général de Napoléon, fut injustement ignorée de la plupart des historiens de l’Empire. Une statue à son effigie fut même érigée en 1913 à Paris sous l’impulsion d’Anatole France pour réparer cette injustice, mais elle fut ensuite détruite sous l’occupation nazie (un projet de réplique à l’identique serait en cours). Le Premier Dumas s’attache donc à raconter de façon exhaustive la vie du Général tout en romançant son parcours avec la voix du 1er historien à relater son histoire : Alexandre Dumas, son propre fils. Dans ses Mémoires, Dumas parle de son père qu’il a peu connu, comme d’un homme courageux, fier, à la force herculéenne. Nul doute que ce portrait soit proche de la vérité mais il reste le portrait d’un fils, sublimé comme sait le faire Dumas dans ses romans. Ainsi, par la voix de l’auteur Dumas, Salva Rubio nous propose de suivre le parcours inédit de ce personnage héroïque qui a croisé le Chevalier de St George (autre métisse et ancien esclave) Lafayette ou encore Napoléon. Le dessin de Ruben Del Rincon rebute dans un premier temps avant de déployer ses qualités dans les mouvements et l’action avec ses personnages comme pétris dans la glaise. Ce premier tome s’arrête à la fusillade de la place du champ de Mars du 17 Juillet 1791, où Dumas se serait opposé à ce qu’on utilise les canons contre le peuple, marquant la naissance d’un soldat intègre qu’on suivra dans un nouveau tome. Une vie passionnante qui mérite sa déclinaison en bande dessinée afin d’être popularisée.