L'histoire :
En mai 1927, dix ans après son arrestation à la frontière américano-mexicaine pour intelligence avec l’ennemi, l’allemand Hugo von Kreuz a finalement échappé au poteau d’exécution. Il est contacté ce jour là dans sa cellule par John Edgar Hoover en personne, alors jeune directeur du FBI. Hoover lui propose de lui rendre sa liberté, contre l’accomplissement d’une mission à haut risque pour le compte des USA. En effet, un de ses compatriotes nommé Arthur Dreyer met en péril la sécurité intérieure du pays. Il semble que ce dangereux anarchiste, féru d’archéologie et d’occultisme, prépare un attentat politique de grande envergure. Il est donc demandé à Hugo, sous le faux nom de Heinz Krüger, d’infiltrer son groupe en se faisant passer pour un ancien militaire désormais marchand d’art, qui veut lui vendre un bijou aztèque : le « sixième soleil ». Evidemment, Hugo accepte. De filatures en prises de contact, il découvre alors que le réseau de Dreyer s’étend jusqu’à une partie de la pègre. A cette époque de prohibition, grâce au marché noir d’alcool et à la prostitution, les affaires fleurissent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la fin du tome 2, nous avions abandonné Hugo attaché au poteau d’exécution, sur le point d’être fusillé. Une ellipse narrative en forme de pirouette culottée plus tard, et nous le retrouvons avec 10 ans de plus, en train de négocier sa liberté avec Hoover en personne. Vous l’aurez compris, ce 3e (et dernier) tome ne s’imposait pas dans la linéarité de la série et fait office d’excroissance bonus. Penchons-nous donc sur la nouvelle mission d’espionnage de cet ex-espion allemand, à travers le New York de la prohibition. Ce « héros » bizarre – peu charismatique, peu attachant – déjoue cette fois un attentat anarchiste fomenté par un de ses compatriotes, contre la personne du président des USA. Il fait bien pâle figure, le Sixième soleil du titre, auquel le scénariste Laurent Moënard avait prêté de puissantes facultés occultes au cours des deux premiers tomes. Ici, le bijou mexicain sert juste de « clé de contact » pour lancer une intrique d’espionnage certes dense, mais inutilement compliquée, un peu vaseuse (coucou revoilà Marina !) et donc moyennement palpitante. Reste le décorum toujours agréable de l’Amérique des années 20, mis en place par Nicolas Otero à partir de son style graphique semi-réaliste personnel : vieilles bagnoles, borsalinos, course poursuite sur les gratte-ciel en construction (cf. la couverture)…