L'histoire :
Rome, sous le règne de l’Empereur Trajan… Les Saliens, à savoir les prêtres du Dieu de la guerre Mars, entament, sous une haie de boucliers, une danse devant leur César et ses convives. L’Empereur en profite pour conter à ses invités la légende liée aux boucliers : l’un d’eux, envoyé par Mars lui-même, avait jadis le pouvoir de bouger dés qu’un péril menaçait la puissante Cité. De peur qu’on ne le dérobe, le Roi Numa, en fit réaliser 11 copies à l’identique et confia à l’ordre des Saliens le soin de les garder. A peine, a-t-il terminé son exposé, que la foule pousse un cri d’effroi, en observant l’un des anciles tomber et rouler aux pieds de la délégation Parthes. Pour le peuple, venu assister aux festivités, le message est clair : les Parthes menacent l’Empire. L’Auguste Trajan cherche alors, tant bien que mal, à minimiser ce fâcheux épisode pour éviter l’incident diplomatique à tout prix. Aussi propose t-il à la délégation offensée de rejoindre son palais pour calmer les esprits. Mais les langues s’échauffent vite et Vahram, le chef de la délégation Parthes, quitte son hôte, la bouche emplie de fiel, en l’accusant de toutes les exactions. Trajan laisse faire car il a, pour l’heure, d’autres chats à fouetter du côté de la Dacie. Un tort, peut-être… Charax, un officier de la légion, vient en effet de découvrir que les fixations du bouclier incriminé ont été volontairement sabotées pour céder. Chercherait-on à déstabiliser l’Empire au moyen de cette ancienne légende du bouclier de Mars ? Les Parthes sont-ils réellement légitimes à se sentir offensés par ces accusations?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son retour en bande dessinée, l’excellent scénariste-dessinateur Gilles Chaillet offre au trait de son complice, Christian Gine, un récit d’aventure qu’il qualifie lui-même d’« eastern » : un western antique sous le règne de Trajan dans lequel « les Romains joueraient le rôle des tuniques bleues et leurs ennemis, les Parthes, celui des Apaches ». Scellée par une légende, conférant à un bouclier de bronze (envoyé par Mars) le soin d’alerter l’Empire d’une importante menace, cette mise en place use des codes classiques du péplum sans rougir : un zeste de conflit ; un soupçon de trahison ; quelques jolies filles ; un héros droit et teigneux (ici mis en valeur par sa rivalité avec un jeune tribun arrogant) et de la bagarre à qui mieux-mieux. Le tout s’agrémente d’une sauce policière encore un peu fade et énigmatique (un complot contre l’Empire, mené par des traitres, un chouya brumeux) mais vraisemblablement chargée par la suite d’emballer la saga. Chaillet connait son affaire (c’est un passionné et un érudit de l’Italie et de l’Antiquité) et le décorum mis en place ravira, sans conteste, les amateurs de récit historique. De belles et bonnes intentions qui, cependant ici, se contentent de faire le boulot introductif sans réellement réussir à captiver. La première partie de l’album est à ce titre, peut être, particulièrement statique (on y bavarde beaucoup). Et si la suite joue plus facilement le petit trot avec une prise de fort en Syrie (comme dans un bon vieux western…) assez animée, on reste globalement sur sa faim. Christain Gine livre, lui aussi, un travail de facture classique, fidèle au contexte historique et parfaitement adapté aux intentions de la série. Il manque encore, peut-être, des pleines planches d’émotion. Bref, une ouverture en demi-teinte, jouant son rôle de tome d’exposition, mais qu’on aurait voulu nous mettre un peu plus en appétit.