L'histoire :
A Antioche (actuelle Syrie), Lucius Vintindius Charax, un légat intègre et fidèle à Rome, se retrouve publiquement jugé avec ses hommes de la IVème légion, pour avoir failli à sa mission : la défense de la cité de Zeugma, aux portes du royaume Parthe. En effet, depuis qu'un des onze boucliers de Mars s'est mystérieusement détaché de la tribune impériale, les tensions se sont ravivées entre les deux peuples. Une prophétie indiquerait qu'il s'agit d'un signe néfaste... et l'ambassadeur parthe Vahram n'a pas tardé à se montrer provocateur et agressif. Aujourd'hui enchainés, dénudés et fouettés, les hommes de Charax ne peuvent rien contre la sentence : la peine de mort. Or, alors que tous sont au bord de la vertigineuse falaise, du haut de laquelle ils doivent sauter, un miracle se produit : un escadron d'aigles tournoie au-dessus du temple, en provenance de l'Est. Il n'en faut pas plus aux oracles pour y lire un signe divin et réclamer la grâce de la légion toute entière. Les légionnaires sont destitués, mais libres et vivants. Seul Charax écope d'une semaine gratuite de cachot. Il bénéficie toutefois de puissants soutiens et recouvre ensuite la liberté. Il s'intéresse dès lors à une sulfureuse femme voilée qui pourrait bien être l'épouse de l'influent prêteur urbain Hadrien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second opus des Boucliers de mars (sur 3 prévus) est également le premier à paraître après la mort de son scénariste, Gilles Chaillet. On continue ici de creuser l'ampleur du complot mené contre Rome, depuis la chute provoquée – et non prophétique – d'un précieux bouclier de Mars. L'ennemi parthe semble ici profiter de quelques traitres alliances venues de Rome. Débutée au moyen orient, l'intrigue rejoint donc la capitale romaine, tandis que l'empereur guerroie sur le front Dace. On peut faire confiance à Gilles Chaillet pour avoir respecté la rigueur universitaire du décorum et du contexte géopolitique. L'auteur était un grand spécialiste de la Rome antique et il a passé une grosse partie de sa vie à la dessiner dans le détail (Dans la Rome des Cesars). De fait, architectures, mobiliers, tenues vestimentaires, armements et ustensiles : tout sonne incroyablement juste à travers le dessin de Christian Gine. Le dessinateur donne le meilleur de lui-même avec une rigueur artistique, une veine graphique « chailletienne » qui rend un bel hommage à son ami scénariste récemment décédé. Certes, complots et palabres nourrissent un scénario un brin complexe, qui y aurait gagné en lectorat grand-public en se montrant un brin plus « spectaculaire ». Ne crachons pas pour autant sur la qualité : les amateurs des temps antiques ou même les fans de la série TV Rome trouveront ici un bijou pour étancher leur soif de plastrons cuirassés et de drapés affriolants...