L'histoire :
Au tout début du 20e siècle, pendant leur service militaire, Théo Fayard et André Joliot se trouvent une passion commune : l’aviation. Le père d’André participe d’ailleurs à ses balbutiements en délaissant la construction d’automobiles, au profit de celle de ces gros engins. Créateur génial, Théo intègre l’entreprise familiale à la fin de son service. Mais les déboires et les drames s’enchainent. Rendu responsable de la plupart d’entre eux par le père Joliot, Théo doit quitter son emploi, son ami et sa jolie sœur. Animé par un désir chevillé de voler sur un engin qu’il aurait conçu et construit, Fayard doit se constituer un petit pactole pour mener à bien son projet. Il s’adjoint les services de sa sœur Hermance, comme mécano, et associe sa famille à son entreprise. Pour amasser de l’argent, il concourt avec succès dans plusieurs meetings aériens. Lors de l’un d’entre eux, il a un accrochage avec un pilote américain, John Moisant, dont la manœuvre périlleuse l’empêche de gagner. Passé sa colère, Théo accepte les excuses. Mieux encore : il décide de le suivre outre atlantique pour un gros salaire. En plus de construire lui-même ses avions, John est en effet à la tête d’un « cirque aérien », chargé de faire le spectacle lors de fêtes et manifestations. Lors de l’une d’elles, au Tennessee, Théo est obligé, en raison des conditions climatiques, de faire un atterrissage de fortune dans un grand champ. Il est aussitôt assailli par une foule embêtée en pyjama. Il vient, en fait, d’atterrir dans le parc d’un asile d’aliénés. Parmi les pensionnaires, la belle Maureen l’interpelle bizarrement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré le titre de ce 2e opus, vous ne trouverez aucune Pénélope dans le champ de vision de cet album. Cette référence est, en effet, purement mythologique (l’Odyssey d’Ulysse). Elle sert, subtilement, de point d’ancrage à la démonstration que fait Hermance à son frère, pour le mettre en garde face à ses velléités de conquête amoureuse. Notre jeune aviateur fougueux serait-il en train de se faire piéger ?... Vous l’aurez donc compris, ce 2e chapitre s’inscrit dans une veine un peu plus romanesque que le précédent. Les balbutiements de l’aviation continuent de servir de théâtre à la saga, mais l’aspect technico-historique se fait bien moins ressentir. Frank Giroud préfère (cette fois) malmener gentiment celui à qui il a choisi de faire (définitivement ?) endosser le rôle principal. Ou pourquoi pas, encore, planter quelques balises promptes à offrir de prochains savoureux développements, plutôt que de nous assommer de problèmes mécaniques à tout prix. Pour preuve : à la fin du premier tome, Théo voulait construire son propre avion, à la fin de celui-ci… il veut construire son propre avion. Du coup, notre maitre scénariste ne fait pas mentir ceux (il en faisait lui-même partie…) qui trouvaient sa démarche classique. Pour autant, on ne s’ennuie pas une seconde et on s’impatiente de connaitre la suite grâce à la richesse de l’action : meetings ; crashs ; enlèvement ; prison ; intrigue amoureuse… tisonnent ici parfaitement notre appétit d’aventure. D’une lisibilité parfaite et servi par un trait dynamique, élégant (notamment via l’organisation des planches), ce 2e chapitre est un parfait divertissement. Une belle invite, en tous cas, à s’accrocher aux basques de cet aventurier des airs au cœur d’artichaut.