L'histoire :
Victor Douglas Thorpe est convoqué par Lord Cavendish dans son manoir. Il est son premier invité depuis un demi-siècle, il a donc hâte de le rencontrer. Doté d'une fortune colossale, Lord Cavendish va faire de Douglas son unique héritier. Oui mais pourquoi ? C'est bien là ce qui préoccupe le petit avocat londonien, lui qui est ordinaire, sans talent particulier et en proie à des problèmes privés. Cette rencontre va justement être l'occasion pour Cavendish de s'expliquer. Ainsi Douglas, pour devenir Lord Cavendish, va devoir boire un calice rempli du sang de son hôte... Une fois le liquide avalé, Vlad Dracula Tepes a retrouvé une enveloppe toute neuve : celle de Douglas. « Légion », l'entité diabolique, a changé de peau... Début du XVIème siècle, en Amérique du sud : les conquistadores partent à la recherche d'or dans le nouveau monde. En leur sein, la belle Gabriella de la Fuente est promise au chef de l'expédition, Hernan Torres. Seulement voilà : Martin, le fils bâtard du conquistador, s'est épris de la dame. Et le sentiment semble réciproque. Bizarrement, Gabriella cherche à en savoir plus sur son futur époux auprès de son fils. Au cours d'une embuscade, la troupe de conquistadores affronte une horde d'autochtones. Parmi eux, le frère de Dracula, Radu Tepes arrivé avant Vlad dans le nouveau monde. Gabriella n'est autre que Vlad, en fait, énième réceptacle de la fameuse entité diabolique. De corps d'emprunt en corps d'emprunt, de la conquête du nouveau monde aux batailles napoléoniennes, le voyage de Vlad Dracula Tepes sera d'un diabolisme sanglant, « Légion » se métamorphosant et changeant de costume au gré des époques ou des lieux... Symbole du mort-vivant éternel, créature aux pouvoirs surnaturels capable de se réincarner, Dracula va changer de carapace et d'épiderme, comme on change de chemise... souvent pour le pire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Récit d'aventure, récit d'épouvante, récit d'ambiance, le second volet de cette série concept est tout cela à la fois. Là encore, chaque époque a été confiée à un dessinateur particulier, le tout guidé par le scénario de Fabien Nury. Trois styles graphiques bien différents donc (Xiao Yu Zhang, Tirso Cons et Mario Alberti) qui, loin de perdre le lecteur, le tiennent en haleine en plus de conférer unité et rythme à l'ensemble : une époque, une griffe, une ambiance, multipliées par trois... Le bal des vampires se poursuit donc avec savoir-faire et maîtrise. Equilibré, dense, scènes d'action alternant avec scènes de dialogues plus posées : le scénario déroule les enjeux un par un en une symphonie infernale, sanguinolente comme il se doit et diabolique comme on l'imagine. Les choix de cadrages, de perspectives et le découpage, pensé en allers-retours entre passé et présent, Europe et Amérique du Sud, exacerbe l'intensité du suspense et ajoute à l'horreur toute draculéenne. L'ensemble étant renforcé par un graphisme saignant, jamais avare en scènes d'épouvante. Dialogues au point, allure dosée et rebondie, récit fluide comme un cours d'eau, ce second volet remplit son contrat sans problème. Seul petit bémol : on sent l'auteur partagé entre l'envie d'en dévoiler davantage et son intention de maintenir le suspense. Résultat : les révélations sont plutôt rares, ici. Normal, nous direz-vous, il reste encore deux tomes. On attendra donc patiemment, en espérant que les tenants et aboutissants du scénario seront à la hauteur dans les deux volets suivants.
