L'histoire :
En Transylvanie, en décembre 1476, les armées arabes du puissant guerrier Selim Bey parviennent à vaincre l’ignoble conte roumain Vlad Dracula Tepes, pour le compte d’un sultan ottoman. Selim Bey savoure sa victoire en couchant la favorite de Tepes dans son lit, une jeune femme d’une grande beauté. Or, au moment où il s’accouple avec elle, l’entité diabolique qui habitait Tepes et qui avait transité dans l’âme de la concubine, passe à son tour en Selim Bey. « Légion », comme se nomme ce démon, incite ensuite le guerrier à égorger le sultan, pour prendre sa place. Ignore-t-elle que Radu, le frère de Vlad Tepes, est lui aussi habité d’une entité jumelle ? Dans la geôle où Radu Tepes pourrit, son sang intéresse les rats… et l’entité abandonne Radu pour transiter par le corps d’un des rongeurs, puis par sa meute toute entière, pour de longues années… Un demi-siècle plus tard, de corps d’emprunt en corps d’emprunt, Légion fait route vers le nouveau monde, confortablement logé dans l’âme de la belle Gabriella de la Fuente. Gabriella a été choisie par l’aristocratie espagnole pour épouser le conquistador Hernan Torres. Elle a de la classe et du caractère. Elle est accueillie à son arrivée par Martin, le fils bâtard du conquistador. Sur le ponton, ils échangent un premier regard qui en dit long… En 1812, en pleine débâcle de Russie, une petite troupe de soldats napoléoniens obéit au doigt et à l’œil à un jeune capitaine charismatique, doté d’un incroyable sang froid. Ce capitaine français nourrit un dessein bien spécifique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru de 2004 et 2007 chez les Humanoïdes associés, le triptyque Je suis légion avait révélé Fabien Nury comme un scénariste prometteur. Aujourd’hui au pinacle critique et public (à raison !), Nury propose la genèse de cette entité diabolique que l’on nomme « Légion », en quadriptyque chez Glénat (son éditeur ayant lui-même transité d’une « âme » à l’autre…). Pour cela, le scénariste s’appuie sur 4 dessinateurs de grands talents (et de nationalités différentes), en confiant une époque précise de son prologue « opératique » à chacun d’entre eux. Le récit débute en décembre 1476, c’est à dire à l’époque la mort de l’authentique conte valaque Vlad Dracula Tepes, plus connu depuis la fiction de Bram Stocker sous le nom de Dracula. Ces 11 premières planches ouvrent idéalement le bal (des vampires…) grâce à la mise en scène somptueuse de Matthieu Lauffray. L’italien Mario Alberti prend ensuite le relai, sur 15 autres planches, pour couvrir tout aussi magistralement la traversée atlantique vers le nouveau monde. Le chinois Zhang Xiaoyu (alias Xiao Yu Zhang)s’occupe quand à lui de la débâcle napoléonienne de Russie et des mystérieuses velléités d’un capitaine français ; enfin l’espagnol Tirso conclut les 54 planches en s’intéressant au destin de Victor Douglas Thorpe (ho les jolies initiales !) dans le Londres de 1887, jeune étudiant en droit sur le point d’intégrer un grand cabinet d’avocat, pour le pire… et le pire. Empruntant des styles graphiques distincts mais maîtrisés, propres aux griffes de chacun des artistes, chacune de ces partitions entremêlées se met au service d’une même symphonie visuelle, d’une même unité d’épouvante, flippante et magnifique. Dialogues ciselés, géniales atmosphères horrifiques, scènes d’anthologie : cet épisode pilote augure du meilleur pour les 3 autres volets, annoncés pour paraître à 6 mois d’intervalle.