L'histoire :
Sur la route pour retrouver son frère, à la demande de sa mère qui vient de mourir, Cain manque de perdre la vie dans des sables mouvants, accompagné d’une jeune fille imprudente éperdument amoureuse de lui. Fascinée depuis qu’il est entré à cheval dans l’église du village où elle allait se voir offerte à la communauté religieuse, son innocence lui donne la capacité de voir le visage de celui que son propre père a condamné à demeurer invisible aux yeux de ses pairs. Ils sont sauvés par une étrange communauté qui veut soumettre la jeune femme à un rituel de viol collectif, mais va découvrir que sa virginité est plus forte que leur virilité. Lorsque les deux frères se retrouvent, Abel transporte la dépouille de leur mère, qui étonnamment ne donne aucun signe de dégradation. Son corps n’est pas devenu froid, elle dégage ce que de nombreux hommes vont bientôt décrire comme une odeur de sainteté. Ils se mettent en route vers la tombe d’El Topo, convaincus que l’innocence de la dépouille qu’ils transportent leur permettront d’accéder à l’île sainte. Cain pense pouvoir mettre la main sur les menhirs d’or protégés par un pouvoir mystérieux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De toute évidence, on ne changera pas Jodorowsky. L’auteur de BD culte, à l’origine de séries qui ont marqué le 9ème art, a des obsessions qui se répètent album après album. Cette nouvelle galerie de personnages contient les mêmes ingrédients que ses travaux avec Boucq notamment, la violence et le sexe, de constantes références religieuses et christiques, la domination des masses par des leaders illuminés. Le préambule qui précise que ce nouveau projet constitue la suite d’un film des années 70 ne sert pas à grand'chose, si ce n’est à confirmer que, probablement, les producteurs ont été bien inspirés de ne pas suivre Jodo dans ce nouveau scénario. Il aurait fallu une débauche de moyens pour représenter dignement la folle imagination de l’auteur, dans un contexte provocateur parfois dérangeant, très empreint de fantasmes personnels qui sont en quelques sorte sa marque de fabrique. Rien de nouveau, donc, dans l’univers de l’auteur de La Cathédrale Invisible, si ce n’est un très brillant dessinateur qui porte totalement l’album, déjà connu cela dit pour Final Incal. Certaines scènes sont d’une beauté fulgurante, comme cette arrivée à cheval à la nuit tombée en page 13. José Ladronn pousse la compatibilité avec son scénariste jusqu’à imaginer des personnages totalement dignes de François Boucq, comme ces bonnes sœurs à barbe que Cain va devoir affronter. Vous voilà prévenus. Fans hardcore mais fans hardcore seulement, foncez sans retenue !