L'histoire :
Abel et Lilith poursuivent leur périple dans l'ouest. Lors d'un arrêt dans un bar, le jeune homme paye avec un précieux cristal de sang qui attire les convoitises. Il se débarrasse de ses agresseurs et retourne vers son chariot. La belle Lilith se dit prête à se donner à lui, alors que jusqu'alors sa préférence semblait aller vers son frère Caïn. Ils vont bientôt arriver vers un temple casino en forme de pyramide égyptienne. Ils comptent bien y jouer leur petite fortune en diamants, autour d'une table dont les vigiles ressemblent tous à Jésus Christ. Pour assouvir ses caprices de jeu, Lilith va exiger d'Abel un sacrifice terrible, il va céder à sa demande. Mais la partie est interrompue par l'arrivée fracassante du Colonel et de ses hommes en armes. Ils vont faire subir à Lilith un sort terrible. Pendant ce temps, Caïn cherche à sauver la jeune fille qui l'aime sans rien attendre en retour, il apprend qu'il faudra pour cela se rendre sur l'île Sainte. C'est là qu'Abel va également venir accomplir sa vengeance du colonel.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alejandro Jodorowsky devient de plus en plus opaque et mystique, le comble dans ce troisième tome étant une scène de torture d'une violence inouïe qui se déroule sur fond de dialogues d'une platitude étonnante. Cette œuvre en trois tomes trouve son origine dans un film de l'auteur chilien, qui a produit quelques œuvres cultes au cœur des années 70, dépassant les limites de la violence et de la provocation, parfois sur des images esthétiquement fulgurantes, et toujours choquantes à un moment ou à un autre. José Ladrönn est particulièrement à la hauteur du défi graphique. Certaines de ses cases sont réellement dignes des plus grands. La séquence d'arrivée dans l'île avec ses pages en trois bandes est magnifique. Mais dans cet album la violence reprend le dessus sans aucune barrière ni précaution, avant de laisser la place à une sorte d'accomplissement mystique. Rien de surprenant pour les amateurs du scénariste de l'Incal ou de Bouncer. Le lecteur ne doit d'ailleurs pas chercher à comprendre la totalité des références bibliques ou spirituelles qui traversent cette histoire. Au final, il reste près de 100 pages virtuoses graphiquement, mais au scénario rapide, qui partent dans des directions imprévisibles et sans limites apparentes. Une œuvre contrastée qui témoigne de la puissance de l'imagination de « Jodo », mais également d'une grande assurance de son message artistique. Aux dépens du lecteur qui doit accepter les délires du créateur, ou refermer les pages.