L'histoire :
Le chevalier « errant » Aymar de Bois-Maury est l’hôte du seigneur Baudran. Mais ce matin-là, Aymar est introuvable. Le seigneur Baudran demande à son écuyer Olivier d’aller quérir son maître, car il ne s’agirait pas qu’il s’aventure sur le domaine voisin de Guibert, qui fut jadis le fief d’Aymar. Ce voisin verrait en effet cela d’un fort mauvais œil… Evidemment, Aymar n’a pu résister à la tentation de s’approcher de son ancien château, guidé à travers les broussailles par un gueux prénommé Lubin. Or ils ont rapidement été pris en chasse par l’homme de main de Guibert, Ulrik, une brute épaisse au visage défiguré, qui use et abuse de sa hache pour asseoir la terreur. D’ailleurs la tête de Lubin ne tarde pas à voler et dévaler la pente vers le ravin. Aymar lui-même se retrouve en fâcheuse posture, agrippé à une racine au-dessus du vide. Pour éviter le coup de hache fatal d’Ulrik, Aymar se lâche dans le vide. Le lendemain matin, Ulrik et ses hommes cherchent toujours sa dépouille dans les broussailles au pied de la falaise. Mais un certain Gaspard, ami d’Aymar, est passé par là et a caché le corps d’Aymar… toujours bien vivant ! Aymar est toutefois blessé, avec les jambes cassées. Il va devoir rester tapis au milieu d’un village de gueux, le temps de se remettre de ses meurtrissures. Pendant ce temps, Baudran fulmine. Sans corps, il n’est pas certain que son plan pour éliminer Aymar ait fonctionné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ô surprise, plus de 20 ans après avoir abandonné ce personnage, Hermann nous gratifie en auteur complet d’une nouvelle aventure du chevalier Aymar, toujours en quête de son fief de Bois-Maury. Cette aventure appartient donc bien au cycle des Tours de Bois Maury, aux alentours du tome 5 ou avant, et non au cycle scénarisé par Yves H, Bois-Maury après le tome 11. On renoue immédiatement avec son moyen-âge crasseux, en proie à la désolation intellectuelle et matérielle, pétri par l’inhumanité abjecte qu’on retrouve dans la plupart de ses œuvres. La misanthropie est toujours le principal acteur des récits de Hermann. Au sein de cette ambiance ignominieuse, surnage pourtant une belle âme, intelligente et humaine : le chevalier Aymar, toujours fiché de son fidèle écuyer et ami Olivier. Cette fois-ci, il est blessé par une brute au visage défiguré qu’on découvre en couverture, Ulrik. Ulrik ne se sépare jamais de sa hache, avec laquelle il fait régner la terreur. Le viol et la décapitation représentent son dada quotidien. Evidemment, Aymar va devoir lui régler son compte, et il devra pour cela se soigner, puis échafauder un plan avec quelques alliés… Le scénario ne cherche pas d’autre artifice alambiqué que celui-ci. Il se borne à insister fortement sur la puissance des personnages néfastes (le seigneur Baudran). En ces âges farouches, la fameuse loi du plus fort demeure inaliénable… Et la plus-value de l’épisode, outre le plaisir de retrouver Aymar, se situe dans les animations villageoises ou dans les séquences nocturnes, qui permettent au lavis de Hermann de se magnifier tout particulièrement dans un monochrome de teintes anthracites. Oyez, manants, Aymar est de retour et il n’est pas content-content !
