L'histoire :
Emma Doucet a bien du s’en remettre à l’évidence : elle est morte. Le trou laissé dans sa poitrine par la balle de son assassin en témoigne en effet lourdement. Pour autant, cette vieille acariâtre est restée parmi les vivants. Aussi compte t-elle bien découvrir qui lui en veut à ce point. Elle multiplie donc les combines pour qu’on la croit toujours en pleine forme. Durant son enquête, elle a la surprise de retrouver une ancienne amie : Line, morte depuis des années et aujourd’hui dans le même « état » qu’Emma. Pour autant nos 2 zombies subissent une nouvelle fois une tentative d’assassinat. Qui est donc tellement décidé à les enterrer définitivement et surtout pourquoi ? Emma pense que, peut-être, tout est lié aux recherches qu’effectuait son mari Pierre avant qu’il ne soit fauché par une voiture. Depuis des années, ce dernier accumulait en effet de nombreuses archives concernant les terrains sur lesquels sa maison avait été construite. Des terrains qui, comme par hasard, attiraient de nombreux promoteurs, qui rachetaient petit à petit à prix d’or l’ensemble des maisons. Juste avant sa mort, Pierre avait d’ailleurs fait analyser un échantillon de terre provenant de son jardin. Les résultats étaient arrivés après sa mort et Emma avait rangé l’enveloppe dans le bureau de son mari, sans y jeter un œil. Ce soir, avec Line, elle est bien décidée à l’ouvrir. Mais auparavant, elle doit remuer de vieux souvenirs. Ceux d’un adultère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le registre du polar-zombie à la ‘tite sauce nostalgique, Hubert et Zanzim forcent une seconde et dernière fois le respect, au regard d’une conclusion parfaitement emballée : captivante, rythmée, habilement burlesque et levant le voile sur les mystères tisonnés par l’épisode d’ouverture. C’est du coté de Nice, de sa Côte d’Azur et de ses kilos de vieilles carcasses au mètre-carré (impeccable pour se fondre dans le décor quand on est zombie…) que l’aventure trouve son issue. Amours post-mortem, scandale écologique, tueur à gage acharné et croisière made in vieilles peaux constituent la matière-première pétaradante pour une intrigue enlevée multipliant les bonnes idées. La volonté de ne pas s‘enfermer dans un genre, en offrant plusieurs angles au scénario, est d’ailleurs sans doute la meilleure. Du reste, elle est parfaitement mise en valeur par le ressort « zombiesque » utilisé : une excellente manière de mêler action, humour, intrigue policière et chronique nostalgique. Car on s’apercevra bien vite que l’intention primaire – sous des artifices de thriller farceur – est d’évider une belle histoire d’amour. Une histoire marquée par une copieuse brochette d’années et les aléas d’une vie aux reliefs inattendus. Au final, par le jeu habile des flashbacks – ou celui de la voix-off confiée tour à tour à différents protagonistes – on s’attache véritablement à la vie d’Emma et de Pierre. Le message transmis coule alors de source et offre le droit d’aimer, qu’on ait 20 ou 100 ans… La partie graphique confiée au trait moderne de Zanzim – et impeccablement mis en couleur par Hubert – assoit quant à elle définitivement ce joli portrait : celui d’une vieillesse qui n’a pas fini de vivre…